Comme l’indique le Conseil National du Cuir : « La peau (…) née de la nature (…) n’est pourtant rien sans l’homme qui la soigne, la transforme, la réhabilite afin qu’elle devienne un cuir somptueux et vivant. Sa naturalité et sa noblesse font d’elle une matière à forte valeur ajoutée ». Cette affirmation, au‑delà de la mention de la valeur des peaux et cuirs, relève le rôle que jouent les humains dans l’élaboration et la valorisation de ces matériaux. Et à travers l’histoire, ils ont justement développé des savoirs et des savoir‑faire pour produire du cuir aux fonctionnalités multiples. Dans nombre de sociétés, des mécanismes de transformation des peaux en cuirs et des cuirs en des produits variés ont existé, témoignages non seulement des intelligences développées autour de ces matériaux, de leurs fonctionnalités. De l’Antiquité aux Temps Contemporains en passant par le Moyen Age et les Temps Modernes, les peaux et cuirs ont occupé une place de choix. Ils sont devenus des produits de luxe des sociétés contemporaines et industrialisés, mais les usages artisanaux et rituels subsistent et leur confèrent une dimension spécifique. Peaux et cuirs d’animaux sauvages et domestiques sont exploitées d’une part selon des techniques traditionnelles qui n’ont pas beaucoup changé et d’autre part selon des procédés techniques sophistiqués et industrialisés. Les représentations, les symbolismes et les rituels autour de ces matériaux varient en fonction des contextes socioculturels. Cette diversité des savoirs et de savoir‑faire en matière de cuirs est pertinemment démontrée ici. En croisant les approches anthropologique, archéologique, biologique, chimique, ethnologique, historique, sociologique, toxicologique, les auteur.e.s étudient l’évolution des transformations, des traitements et la mobilisation des personnes et des groupes sociaux particuliers autour des différents types de peaux, à travers des contextes socioculturels et économiques divers.
François Wassouni, coordinateur du numéro