La peau à l’épreuve de la perte de poids. L’expérience de la chirurgie bariatrique

2,00
0 out of 5 based on 0 customer ratings
- +
  • Description

    Stéphanie LABOJKA

    Diététicienne-nutritionniste et anthropologue, Aix‑Marseille Université.

    Référence électronique
    Labojka S. (2023), « La peau à l’épreuve de la perte de poids. L’expérience de la chirurgie bariatrique. », La Peaulogie 10, mis en ligne le 28 octobre 2023, [En ligne] URL : https://lapeaulogie.fr/chirurgie-bariatrique

    Résumé

    Cet article se propose de questionner le rapport à la peau lors d’un amaigrissement important et rapide, tel qu’il est vécu lors de la chirurgie de l’obésité. L’observation réflexive sur le parcours de personnes en post-opératoire s’appuie sur une enquête de terrain réalisée dans un cabinet de diététique libéral. La perte de poids et son inscription dans la peau sont au centre de ces réflexions. En effet, les personnes en situation d’obésité souffrent de ce statut hors‑norme qui leur est attribué, et la chirurgie bariatrique leur promet une entrée dans la norme corporelle. Cependant, maigrir n’est pas sans conséquence. Entrer dans la norme permet‑il de relâcher le contrôle exercé sur le corps et sur la peau qui l’enveloppe ?

    Mots-clés

    Obésité, Chirurgie bariatrique, Corps, Peau, Contrôle

    Abstract

    This article proposes to question the relationship to the skin during a significant and rapid weight loss, as it is experienced during obesity surgery. This reflexive observation of the postoperative process is based on a field survey carried out in a private dietetics practice. Weight loss and its registration in the skin are at the center of these reflections. Indeed, obese people suffer from the non‑standard status that is attributed to them, and bariatric surgery promises them an entry into the body norm. However, losing weight is not without consequences. Does becoming part of the norm imply relaxing the control exerted over one’s body and the skin that envelops it?

    Keywords

    Obesity, Bariatric surgery, Body, Skin, Control

    INTRODUCTION

    Perdre du poids. Voici une des quêtes de notre monde contemporain. L’avènement de la minceur et le rejet des corps gros se sont construits progressivement depuis le 19ème siècle et en a découlé la nécessité de trouver des techniques d’amaigrissement afin que chacun·e entre dans la corpulence souhaitée (Vigarello, 2010). L’insatisfaction corporelle va de pair avec la pratique effrénée de régimes alimentaires de toute sorte, en particulier chez les femmes. Le diktat de la minceur justifie le développement d’un marché dédié. Comme le souligne David Le Breton (2010a), « le régime est devenu un souci de la plupart des femmes, les émissions de télévision, les magazines ou les ouvrages en rappellent les principes (…). La plupart des femmes souhaitent maigrir. » Dans l’imaginaire collectif, être gros est obligatoirement lié à des apports alimentaires excessifs, un comportement alimentaire anarchique et même à une inconscience écologique, environnementale et sanitaire. Vivre gros aujourd’hui s’avère délicat ; c’est certainement une des explications probables de l’apparition d’une multitude de régimes. Nombre de personnes perdent du poids, pour mieux en reprendre quelques années plus tard[1](ANSES, 2010), et recommencent cette opération inlassablement, parfois une vie entière. Le désir de maigrir, l’apparition de compulsions alimentaires et de « yoyo » pondéraux sont ainsi des conséquences des représentations et comportements de stigmatisation qui témoignent de la force de la norme de minceur (Carof, 2015).

    Alternant perte de poids et reprise de poids, le corps est obligé de suivre et de s’adapter aux variations qui lui sont infligées : la peau va alors être très sollicitée. La pratique des régimes amaigrissants à répétition n’est évidemment pas la seule cause de surpoids ou d’obésité. Les obésités peuvent être d’origine génétique, induites par des traitements médicaux ou pathologies hormonales et même prendre leur source dans les expériences adverses subies dans l’enfance (Felitti et al., 1998).

    Cependant, qu’importe la cause, l’insatisfaction corporelle domine et avec elle l’envie de maigrir, de perdre ce poids. Que ce soit provisoirement, et encore plus de manière définitive, le physique est la manifestation de la personne la plus difficile à modifier (Bourdieu, 1977). Entrer dans les standards de corpulence définis par l’indice de masse corporelle (IMC)[2] et par les idéaux esthétiques n’est pas une mince affaire. D’autant plus qu’un enjeu de santé y est accolé. Afin de ne pas se faire remarquer, mieux vaut être ou au moins paraître en bonne santé. Georges Vigarello (2022) justifie d’ailleurs cet enjeu du paraître au fait que l’individu « est son apparence ». Pour ce qui est du paraître, le poids et donc le corps semblent être devenus des critères incontournables.

    Toutefois, la thérapie révèle ses limites en découvrant la complexité de l’obésité et l’échec à faire maigrir les individus obèses, les empêchant ainsi d’atteindre cette normalité souhaitée (Vigarello, 2010). La médecine nous a apporté une solution avec la chirurgie bariatrique, couramment nommée « chirurgie de l’obésité » ou comment perdre du poids à tout prix. Des dépassements d’honoraires sont régulièrement pratiqués dans les établissements privés. Ceux qui ne peuvent assumer ces surcoûts sont alors dirigés vers les hôpitaux publics (Millat, 2021). Pourtant, comme l’expliquent les patient·e·s, au‑delà du coût financier de l’opération, il est surtout nécessaire de tenir compte du tribut psychologique, physiologique, et corporel qui peut être bien plus lourd et parfois sous‑estimé lors du parcours préopératoire. La perte de poids est spectaculaire, en particulier pendant la première année et paraît presque trop simple, si on se contente d’observer les changements d’un point de vue extérieur. La réalité qui se vit dans le corps et l’esprit des patient·e·s est toute autre.

    Cette opération va entraîner une perte de masse corporelle – masse grasse et masse musculaire – très rapide, et des déficits d’apports nutritionnels ; le corps et son enveloppe ne disposent alors que de peu de temps et de nutriments pour s’adapter. Ainsi la peau est ici mise à rude épreuve et l’ancien excédent de poids va laisser place à un excédent de peau.

    Pour parler de ce surplus de peau intimement lié à la perte de poids, il m’a semblé opportun de m’appuyer sur les retours d’expériences de patient·e·s.

    Alors qu’ils·elles s’amaigrissent massivement les premières années post‑opératoires, signant ainsi leur entrée dans la normalité corporelle, il s’agit là de s’intéresser à la manière dont l’ambivalence entre perte de poids et surplus de peau est perçue, dans un contexte où le paraître est primordial.

    Dans une première partie, je préciserai le contexte méthodologique dans lequel j’ai rencontré les personnes qui m’ont apporté leur témoignage ; et dans une deuxième, j’analyserai les raisons qui peuvent mener à la chirurgie. À travers leurs expériences, j’explorerai ensuite le temps de la perte de poids, leur vécu de cet amaigrissement et l’éventuel recours à la chirurgie réparatrice ; en montrant comment le contrôle du corps et de la peau s’immisce insidieusement dans ce parcours.

    MÉTHODOLOGIE

    Tout d’abord, il est important de définir ce que l’on entend par chirurgie bariatrique. Il s’agit d’interventions chirurgicales visant à réduire l’obésité, soit en diminuant le volume de l’estomac par une gastrectomie longitudinale : connue sous l’appellation de sleeve ou la pose d’un anneau gastrique ; soit en induisant une malabsorption intestinale appelée bypass ou dérivation bilio‑pancréatique.

    L’alimentation va donc avoir une place centrale dans la vie des opéré·e·s. D’ailleurs, en 2009, la haute autorité de santé (HAS) émet des recommandations sur le traitement chirurgical de l’obésité et précise la place des professionnels de la diététique[3].

    C’est pourquoi la rencontre avec les patient·e·s s’est faite dans le cadre d’un cabinet diététique libéral. Grâce à ma double activité, diététicienne et anthropologue, mes informat·eurs·rices, ne sont autres que des personnes reçues en consultation dans mon cabinet de diététique. En effet, le parti pris d’occuper un poste de travail lors de l’enquête de terrain s’est imposé pour les qualités heuristiques qui en découlent (Gallenga, 2008).

    Je peux différencier deux sources d’information différentes : d’une part, les personnes reçues en consultation diététique au cours de mes années de pratique, et d’autre part, les patient·e·s que j’ai interrogé spécifiquement pour cette étude. Dans le premier cas, il s’agit de l’observation participante d’une centaine de personnes rencontrées pendant leur parcours lors de consultations individuelles entre 2019 et 2023. Les âges varient de 19 ans à 68 ans et le tiers de ces personnes était des hommes. Grâce à la relation thérapeutique établie, il est fréquent que les patient·e·s se livrent sans réserve sur leurs ressentis, l’évolution de leur corps, de leur peau, et les difficultés qu’ils rencontrent. Dans le second cas, les patient·e·s ont simplement répondu à une demande de témoignage que j’ai effectuée par courrier électronique et qui expliquait le contexte de l’étude. Sur le nombre de réponses reçues, j’ai pu interroger sept patient·e·s, âgé·e·s de 37 à 57 ans dont cinq femmes. Cette proportion, dans les deux cas, est une bonne représentation de la répartition genrée dans le recours à la chirurgie de l’obésité, puisqu’il concerne pour 65% des femmes (Obépi, 2020).

    Les entretiens se sont déroulés soit par téléphone, soit en visio‑conférence, selon les possibilités de chacun·e. Après leur avoir expliqué plus précisément le contexte de cette enquête, les discussions se sont déroulées sur un mode semi‑directif, dans lequel je posais des questions ouvertes. La première, en ouverture de l’échange était « Pouvez‑vous me raconter comment vous vivez et avez vécu la perte de poids ? ». J’ai choisi délibérément cette entrée en matière ciblant, dans un premier temps, le rapport au poids. En effet, l’expérience acquise au cours de mon activité de diététicienne, m’a appris que les patient·e·s en post‑opératoire sont très centré·e·s sur la perte de poids. Pendant l’entretien, les discussions dévient sur le rapport à leur corps et progressivement j’aborde la question de leur peau. Bien que mes informat·eurs·rices soient informé·e·s du sujet de mon enquête, ce cheminement m’a semblé important et nécessaire afin de recueillir des témoignages authentiques. Au même titre que « la seule et simple présence d’un sujet observant modifie l’objet observé » (Gallenga, 2005), l’échange dirigé exclusivement sur l’objet d’étude peut amener des réponses conditionnées par ce que la personne interrogée préjuge de mes attentes et par son envie de valoriser le succès de son intervention. La discussion autour des différents ressentis des patient·e·s a permis de lever en partie ces biais, et d’obtenir un dialogue franc et naturel.

    Les prénoms des sept personnes citées ici ont été modifiés afin d’assurer l’anonymat des échanges, bien que pour trois d’entre elles, cette condition n’était pas primordiale.

    Les recommandations de la HAS (2009) viennent encadrer le projet de chirurgie et fixent des critères de corpulence et de santé :

    « La chirurgie bariatrique peut être envisagée chez des patients adultes réunissant l’ensemble des conditions suivantes : patients avec un IMC ≥ 40 kg/m2 ou bien avec un IMC ≥ 35 kg/m2 associé à au moins une comorbidité susceptible d’être améliorée après la chirurgie (…). »

    Sans surprise, les personnes rencontrées correspondaient à ces critères d’inclusion.

    Les patients interrogés, conformément aux recommandations émises, ont bien été informés dans leur parcours préopératoire, sur les conséquences d’un amaigrissement rapide sur la peau et sur « la possibilité de recours à la chirurgie réparatrice après la chirurgie bariatrique » (HAS, 2009).

    EN ROUTE VERS LA CHIRURGIE

    Au‑delà de la souffrance liée à l’insatisfaction corporelle, à la stigmatisation (Goffman, 1963/1975), et à l’entrave dans les actes de la vie quotidienne, s’ajoute une souffrance physique, entre pathologies métaboliques et douleurs articulaires. Plusieurs patient·e·s nomment d’ailleurs cette intervention, « l’opération de la dernière chance ». Cette expression trouve son sens autant du point du vue médical – la chirurgie bariatrique est envisagée en dernier recours, après échec d’amaigrissement avec les thérapies diététiques et psychologiques – que du point de vue des patient·e·s pointant l’enjeu que l’intervention revêt pour eux.

    Pour permettre la perte de poids, les personnes engagées dans un parcours de chirurgie bariatrique vont perdre une partie d’un organe et donc de sa fonction. Un choix cornélien pour beaucoup d’entre elles : le devoir de minceur et de santé ou la liberté d’être soi ? Car peut‑être ce surplus de poids laissant voir une enveloppe imposante, a‑t‑elle un rôle pour la personne qui l’endosse ? La question du surpoids renvoie à celle de l’identité (Huerre, 2013). La souffrance d’être hors norme, scruté·e et jugé·e en permanence dans un environnement social qui prône le contrôle de soi et de ce qu’on donne à voir, guide bien souvent la prise de décision. Dans un contexte de médicalisation de l’obésité (Poulain, 2009), l’amélioration de la santé est un argument constamment repris par les professionnels de santé pour engager leur patient·e sur cette voie. Minceur, beauté et jeunesse sont des caractéristiques plébiscitées dans notre société moderne (Apfeldorfer, 2008). Stigmatisée, la personne obèse est donc systématiquement vue comme « déviante » comme le définit Erving Goffman dans son ouvrage Stigmate (1963/1975) et se voit reprocher un manque de contrôle de soi. La restriction cognitive (Apfeldorfer et Zermati, 2009), qui se définit comme l’ensemble des stratégies de contrôle cognitif en rapport avec la nourriture, dans le but de perdre ou de maintenir son poids, est la base de tout régime amaigrissant et entretient l’illusion que nous pourrions contrôler notre corps, notre morphologie, notre apparence corporelle. Il va sans dire que la pratique régulière de cures d’amaigrissement, souvent rapides et importantes, en alternance avec des reprises de poids toutes aussi rapides et importantes, ne laisse pas la peau indemne. Soumise à des variations intensives, elle est obligée de se tendre pour suivre le « grossissement » du corps, puis contrainte à un relâchement brutal suite à une perte de masse. On peut y voir des similitudes avec un élastique ; et à l’instar de l’élastique qui finit par craquer, la peau se détend irrémédiablement. C’est ainsi qu’apparaîssent des vergetures venant marquer et colorer l’endroit de la peau qui a cédé, ou bien un excédent de peau signant la sursollicitation de son élasticité.

    Aujourd’hui, de plus en plus de personnes en situation d’obésité ont recours à la chirurgie bariatrique. Est‑ce l’aspect santé qui prédomine ou l’aspect esthétique dans la décision de recourir à une telle intervention ? L’obésité et les personnes qui en souffrent sont stigmatisées et le poids de cette stigmatisation est certainement aussi lourd à porter que leurs corps, si ce n’est plus. La honte, la culpabilité sont des émotions qui habitent leur quotidien : en effet, elles sont désignées comme coupables de leur état : absence de contrôle de l’alimentation, manque d’activité physique, nourriture malsaine, incapacité à tenir un régime… La souffrance et le « ras le bol » de se sentir hors norme dans un monde très normé, et ce malgré des efforts considérables, conduisent bien souvent à demander une chirurgie de l’obésité, même si la santé actuelle n’est pas menacée.

    LE TEMPS DE LA PERTE DE POIDS

    C’est justement sur ce temps de la perte de poids, les deux premières années post‑opératoires, que s’étend la lune de miel. D’après les patient·e·s interrogé·e·s, l’amaigrissement au cours du premier mois représente environ 10% du poids de départ. Ce chiffre est impressionnant et bien souvent la quasi‑totalité de l’excédent de poids va disparaître sur cette première année. Cela implique que l’enveloppe corporelle s’adapte à ce rythme soutenu. Quel que soit l’endroit du corps, la peau subit cette perte de poids : elle qui enveloppe le corps doit donc diminuer sa surface. La rétractation de la peau est particulièrement visible au niveau du visage, du buste, des bras et des cuisses : elle se détend, s’affaisse, se plisse, se vide, s’assèche et retombe en direction du sol. Elle peut également subir des changements de coloration, de teint, de brillance. Plus aléatoire au cours de la deuxième année, la perte de poids s’arrête enfin et laisse place à une stabilisation, qui intervient après un léger rebond de la courbe pondérale. Tout cela ne se fait pas sans douleur ni sans séquelle et c’est souvent à ce moment que les opéré·e·s portent attention à la peau en surplus. Ces éléments peuvent générer une nouvelle souffrance impensée avant l’opération. Car bien que toutes ces indications soient données en préopératoire, les patient·e·s sont focalisés sur la finalité de l’opération : perdre du poids. Changer de corps et se sentir (enfin) bien dans sa peau, c’est la promesse de la chirurgie bariatrique qui modifie les corps obèses et permet d’atteindre une silhouette sous contrôle (Perera, Marcellini, Matichescu et Nocca, 2019). Pour obtenir cette silhouette, c’est avant tout la peau qu’il va falloir maitriser.

    Une peau sous contrôle pendant la lune de miel

    La majorité des personnes rencontrées étaient encore dans la période dite de lune de miel. Le grand enjeu de ces deux années est de faire en sorte que la peau suive le rythme effréné qui lui est imposé par cet amaigrissement massif. L’excès de peau ou son relâchement est une des conséquences habituelles et une des préoccupations majeures des patients (Throsby, 2012). C’est un paramètre tout à fait personnel puisque la qualité de la peau, son élasticité, sa capacité de rétractation sont propres à chaque individu. Le chirurgien esthétique, Harold Eburdery (2017) explique que « ces qualités sont variables d’un individu à l’autre, en fonction de son sexe, de son ethnie ou de son âge. Toutefois, lors de variations pondérales importantes, les possibilités de redrapage cutané sont dépassées ». L’enjeu de maîtriser l’impact cutané se comprend aisément puisque la peau est ce que nous donnons à voir de nous‑même et par conséquent le lieu du jugement des autres (Le Breton, 2010b).

    La première image qui se forme dans l’esprit en relation avec la chirurgie de l’obésité, est bien souvent celle d’un ventre déformé. Aussi, on imagine difficilement qu’un tel amaigrissement ne puisse laisser aucune trace sur le ventre. D’ailleurs le tablier abdominal, peau qui pend et recouvre partiellement ou totalement le pubis, est un risque bien connu des patient·e·s en attente de chirurgie. Lorsque les personnes sont confrontées à l’épreuve de cette peau surnuméraire, elles peuvent vivre cela comme un échec et nourrir un dégoût pour celle‑ci. Cette honte se manifeste dans le comportement à leur corps, en témoigne leur façon rapportée par Karen Throsby (2012) d’attraper des poignées de peau sur leur abdomen et de les secouer. D’autres zones du corps vont être à risque de voir son enveloppe « bailler ». Par exemple la peau des bras peut souffrir de tant de poids perdu et ne pas se rétracter suffisamment rapidement, laissant se former des « ailes de chauve‑souris », expression imagée pour désigner cet excès de peau qui pend sous les bras. L’enveloppe cutanée se trouve ici fine et sans substance rappelant les ailes de ce petit animal, ou évoquant un drapeau qui vole au vent. Il en va de même pour la peau des cuisses. Beaucoup se trouvent désarçonnés par les « ailes de chauve‑souris » et l’illustrent en agitant leurs bras tendus à l’horizontal devant moi, faisant ainsi bouger le surplus de peau qui apparaît ici plissé, comme vieilli, et vidé de son contenu. Certain·e·s patient·e·s me prennent à témoin et me montrent la nature de leur nouveau mal‑être. Ils·elles soulèvent leur tee‑shirt et me laisse découvrir un ventre dont la peau est bosselée, un peu comme les marques que la mer laisse sur le sable en se retirant. Les sillons de peau se rejoignent et se resserrèrent au niveau du nombril, formant une zone creuse au centre du ventre. À hauteur de la ceinture, la peau ne sillonne plus vers le nombril mais forme des vagues vers le bas, formant ainsi cet excédent qui retombe sur le pubis. Il semble donc pertinent de s’intéresser au vécu de ces personnes dans leur rapport à leur peau et à leur corps lors de cette expérience d’amaigrissement intense.

    Différentes stratégies existent et sont utilisées par les personnes opérées afin de tenter de maitriser les séquelles que la perte de poids pourrait laisser sur leur corps.

    En premier lieu, les patient·e·s sont invité·e·s à porter des gaines. Elles ont pour objectif, entre autres, de contenir la peau contre le corps et ainsi d’éviter son affaissement au niveau du ventre. Ces ceintures de maintien sont systématiquement prescrites en post‑opératoire, et il est conseillé de les porter jusqu’à la stabilisation du poids. Toutes les personnes rencontrées en ont été équipées. L’apparition du tablier, est la grande crainte des opéré·e·s. Et pour cause, bien que l’argument santé soit largement plébiscité lorsqu’on questionne la prise de décision de l’opération, l’aspect esthétique occupe également une place importante et rejaillit au fur et à mesure que les kilos diminuent.

    L’activité physique occupe une place importante dans la stratégie de tonification du corps et de la peau. Ces personnes qui pour la plupart, avaient depuis longtemps abandonné le sport y reviennent quelques mois après l’opération. La perte de poids permet de retrouver une mobilité plus importante et l’activité physique devient plus agréable, alors qu’elle n’était que souffrance auparavant.

    L’hydratation de la peau est, elle aussi, mise à l’honneur afin de la nourrir le mieux possible. L’application de crème hydratante et nourrissante, quelle que soit la marque me semble aussi bénéfique dans l’apprentissage d’un nouveau rapport au corps. En effet, masser la peau, en prendre soin, apprendre à l’aimer est un bon moyen d’aller vers plus de bienveillance envers ce corps opéré et se réconcilier avec soi en passant par sa peau. La restriction alimentaire et la malabsorption nutritionnelle agit forcément sur le statut vitaminique et lipidique nécessaire, entre autres, à l’élasticité de la peau. Et cela ne va pas sans l’exercice d’un contrôle qualitatif des apports alimentaires. L’alimentation étant la pierre angulaire des stratégies mises en place pour maitriser au mieux la peau lors de la perte de poids.

    Alors que leurs prétendus manques de maitrise dans leurs apports de nourriture, de motivation à s’entretenir physiquement et à prendre soin d’eux sont pointés du doigt comme causes de leur obésité, l’opération semble inverser la tendance en obligeant à contrôler ces paramètres. Il en va de la réussite de l’opération. Sous prétexte de préserver la peau des séquelles tant redoutées, le contrôle prend place. Et il s’instille dans tous les domaines qu’il est habituel de maîtriser pour entrer dans la norme : le « bien manger », l’entretien du corps par le sport, le bien‑être et le bien paraitre. La lune de miel peut être vue comme une période de reprise du contrôle qui débouche sur une entrée dans la norme. C’est ce que montre Aurélien Troisoeufs (2020) en mettant en exergue le déplacement des contraintes lors de l’amaigrissement et non son effacement, conduisant les personnes opérées à se confronter à de nouvelles injonctions sociales du fait de leur entrée dans la norme corporelle.

    Les récits des patient·e·s illustrent cette première étape post‑opératoire, la façon dont ils·elles appréhendent l’impact sur leur peau et il convient alors de s’intéresser aux effets obtenus.

    Quelle stratégie de contrôle pour quels résultats ?

    La question est légitime. Est‑ce que ça marche ? Réussit‑on le pari de perdre du poids, sans gagner en peau et sans perdre en jeunesse ? Enduire son corps de crème, s’astreindre à des séances régulières de sport, porter une gaine sous ses vêtements… toutes ces techniques ont certainement un impact, et nous savons que le résultat et la perception de celui‑ci sont propres à chacun.

    Ainsi pour ce qui est de la gaine, qui vient enserrer l’abdomen plaquant ainsi la peau sur ce dernier, Lucile, 37 ans et Cécile, 42 ans sont perplexes. Lucile l’a portée 6 mois, mais l’été, la chaleur et l’inconfort de cette contention ont eu raison de son assiduité. Elle ne l’a plus jamais remise. Un accouchement par césarienne lui avait laissé, déjà, un excédent de peau au niveau du ventre… souvenir de la grossesse. Elle n’a pas noté d’accentuation de ce tablier, malgré une perte de 48kg et constate même une diminution de ce dernier, qu’elle attribue à la pratique intensive de sport. Lucile mentionne aussi que « ce qui choque le plus l’entourage c’est les bras » : s’étant considérablement amaigris, le surplus de peau y est plus marqué, ce qui augmente la perception de finesse de ses membres. Pour Lucile, qui se sentait auparavant « emprisonnée dans [son] corps », la maîtrise de l’impact sur la peau et le modelage du corps passent par le sport. Cécile, elle, me confie « honnêtement, je ne sais pas si ça a eu un effet ». Elle a porté cette gaine de mars à juin puis de façon très aléatoire et a perdu 30kg sur cette première année. Il est conseillé de porter cette ceinture de contention tous les jours pendant toute la durée de la perte de poids. Elle permet de plaquer la peau sur le ventre, empêchant ainsi la gravité de s’exercer sur l’éventuel excédent de peau. La gaine doit donc prévenir le relâchement excessif de la peau. Malgré le faible temps de port de la contention abdominale, Cécile ne note aucune marque sur le ventre « j’ai une peau super tonique, donc même sans avoir fait de sport je n’ai pas de séquelles » mais précise tout de même « un peu sur la peau des cuisses ». Certaines entreprises d’orthopédie proposent également des contentions pour les cuisses sous forme de cycliste, pour les bras et même en forme « body » pour maintenir tout le buste. Dans mon expérience, seules des femmes ont acquis ces différents modèles, qui d’ailleurs semblent avoir été conçu pour elles. Sophie, opérée à 42 ans a perdu 45kg en un an et trois mois. Très observante, elle porte sa gaine tous les jours depuis l’intervention et hydrate sa peau quotidiennement à l’aide de crèmes suffisamment grasses et nourrissantes car elle note une grande sécheresse cutanée. Celle‑ci se manifeste par un aspect rêche au toucher et des petits sillons blancs, craquelés à certains endroits. Sophie ne se plaint d’aucune séquelle au niveau du ventre.

    Du côté des hommes, les résultats de la gaine se discutent. Thomas, 41 ans, opéré il y a deux ans et demi, a perdu 70kg. « Les gaines ? J’ai fait toutes les tailles ! » me dit‑il. Il n’en porte plus depuis un an car la perte était telle que plus aucune gaine n’était suffisamment serrée ! Pour ce qui est de l’impact sur la peau « c’est une belle surprise » se réjouit‑il en remerciant la génétique maternelle ! Il note peut‑être des vergetures apparues en plus de celles qu’il a depuis l’adolescence, mais ces quelques stries supplémentaires ne le dérangent pas. Patrice, 44 ans, a déjà perdu 50kg en un an et demi. Lui a porté la gaine régulièrement pendant 9 mois. Il pense que cela l’a aidé à limiter l’impact sur la peau du ventre. Cependant, il a, malgré tout, développé un excédent de peau abdominale, qui pourra, s’il le souhaite être repris en chirurgie réparatrice. En revanche, il précise que cela ne le gêne pas, et ne l’empêche pas de se mettre « torse nu ». Il essaie de remettre la gaine depuis un mois, après un long moment passé sans afin de tenter de contenir cet affaissement de peau.

    Perception

    Alors que l’impact d’un amaigrissement rapide sur la peau est pourtant bien connu, il semble que durant ces deux premières années post‑opératoires, celui‑ci soit relégué au second plan. En revanche, le bonheur de la perte est un message, sinon le message à diffuser : « délivrance », « libération », « nouvelle vie » sont les termes par lesquels ils qualifient leur ressenti par rapport à leur opération. David Le Breton (2010b) montrait au sujet des scarifications qu’elles permettent de se retourner contre sa souffrance, de restituer au sujet une position d’acteur, et d’éloigner provisoirement le sentiment d’impuissance. L’acte chirurgical, par l’incision de la peau et l’amputation d’un organe, semble agir ici de la même façon sur le sujet en situation d’obésité.

    La plupart s’estime chanceux, invoquant une « bonne génétique », une « bonne musculature », une « peau tonique » et ne pas « entrer dans la norme des séquelles sur la peau ». Les patient·e·s considèrent donc qu’ils ne sont pas responsables des résultats sur leur peau, et paraissent tout attribuer à ce qui relève de l’innée : leur patrimoine génétique, leur musculature qui a toujours été importante, et surtout leur peau pourvue d’une bonne élasticité. Toutefois, ces personnes anciennement obèses, ont eu le temps d’incorporer les jugements qui leur ont été portés pendant plusieurs années. La critique se porte sur leur désinvolture à maigrir, leur incapacité à se maîtriser (Vigarello, 2010), alors il semble qu’elles n’imaginent pas être autorisées à s’attribuer un quelconque mérite.

    Cette période de lune de miel semble se caractériser par une focalisation sur le poids. Les patient·e·s sont ravi·e·s des résultats de l’opération. Enfin ils·elles entrent dans la norme. Leur silhouette se conforme mois après mois aux attendus esthétiques et c’est ce qui importe à ce moment‑là. Grisé·e·s par cette perte de poids, ils·elles semblent accorder peu d’importance à leur enveloppe cutanée, ou tout du moins balaient le sujet pour se concentrer sur l’amaigrissement. L’essentiel ici est de perdre du poids durablement. L’accent est mis sur le gain en termes de santé, de mobilité, d’accès au prêt‑à‑porter et de « transparence » dans l’espace public.

    Évoqué mais occulté, le surplus de peau pendant la lune de miel ne paraît pas constituer une priorité et la peau du ventre ne semble pas être déformée comme il est courant de l’imaginer.

    PERTE DE POIDS, SURPLUS DE PEAU ET GENRE

    Si tou·te·s mentionnent un surplus de peau à quelque endroit de leur corps, ils·elles semblent toutefois, bien s’en accommoder. Cependant, quand la peau se détend après un amaigrissement, est‑ce la même peine que l’on soit homme ou femme ?

    Tout d’abord, il est nécessaire de noter que la motivation à la perte de poids n’est pas vécue de la même façon dans les deux sexes et fait référence aux représentations de l’obésité différentes entre les deux sexes. Olivier Lepiller (2015) précise que « L’injonction à la maitrise constitue une première pression normative marquée par les différences de genre. »

    En effet, les femmes sont plus facilement soumises aux normes sociales dominantes, et en particulier à celle du « corps mince » (Le Breton, 2010). La minceur est ainsi vue comme un critère de succès et le contrôle du corps, de l’alimentation et du poids, une pratique normalisée (Lambert, 2018). Cela peut d’ailleurs expliquer la sur‑représentation féminine dans le nombre d’opérations de chirurgie bariatrique. D’après la dernière enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité (Obépi‑Roche, 2020), cette chirurgie est réalisée majoritairement par des femmes (65%). Celles sur qui repose une importante pression liée à la minceur et à la jeunesse du corps, sont donc également celles qui auront le plus recours au traitement chirurgical de l’obésité. Du côté des hommes, le surpoids est davantage considéré comme représentant l’hédonisme et l’alimentation peut même être envisagée dans un contexte de rapport de force que ce soit dans un repas d’affaire ou galant (Lambert, 2018).

    Une fois cette différence dans le rapport à la perte de poids posée, il est plus aisé de comprendre la perception du surplus de peau que peut entraîner l’opération.

    Les hommes interrogés font état de l’apparition de vergetures supplémentaires ou d’un léger tablier mais n’en sont pas affectés. Thomas explique « j’ai des vergetures depuis l’enfance, parce que j’ai grandi vite. Il y en a de nouvelles, je les remarque parce qu’au début elles sont plus foncées, mais ça ne me dérange pas, après elle prennent la couleur des autres ». Patrice lui a « la peau qui passe un peu par‑dessus la ceinture, elle est comme détendue, mais pas fripée » et il me confie même que la perte de poids a eu un impact positif sur le plan intime, laissant supposer que la peau détendue de son ventre ne nourrit aucun complexe.

    Pour les femmes, l’affaire est toute autre.

    Le surplus de peau chez les femmes

    « En termes de représentations sociales, les personnes opérées expliquent que la peau flasque, fripée, déformée s’écarterait plus des critères de beauté actuelle que la peau plus ou moins tendue, tenue et lisse des individus en situation d’obésité. » (Troisœufs, 2020)

    À bien y regarder, les séquelles cutanées de la chirurgie bariatrique ressemblent de près aux marques du vieillissement naturel. Effectivement, l’âge avançant, la peau perd de son élasticité, se décolle des os et des muscles et se met à pendre, attirée inexorablement vers le bas ! Si on observe le corps qui vieillit, on verra que la peau se plisse au niveau de la poitrine, du ventre et des cuisses, et bien souvent les fameuses « ailes de chauve‑souris » apparaîssent. Ce sont ces mêmes zones qui vont être touchées lors de la perte de poids. À la différence que dans le cas de la chirurgie, la peau paraît subir un vieillissement accéléré : en l’espace d’une année, ces mêmes stigmates cutanés vont se dessiner. À l’heure où « la jeunesse éternelle » est recherchée, voire imposée aux femmes, ce vieillissement précoce ne risque‑t‑il pas de poser de nouveaux soucis et d’engendrer une nouvelle source d’insatisfaction ? En 2006, le chirurgien plastique Maurice Mimoun écrivait sur le surplus de peau :

    « L’homme n’aime pas ce qui pend : le cou, les joues, les paupières, les seins, les fesses, le ventre, les cuisses, les bras. Le sac doit être ajusté. Jamais une personne ne dira qu’elle trouve mignon son surplus de peau ! Le dégout de ce qui pend est général dans notre société. Ainsi, l’être humain ne veut pas tomber, se relâcher, dégouliner. Tout ce qui le rapproche de la terre le trouble. » (2006 : 147‑158)

    Sandrine, a un peu plus de 50 ans, elle a subi les affres de la chirurgie bariatrique, celle qui ne se passe pas bien : complications, réanimation, pertes de poids minimes suivies de reprises pondérales et évidemment culpabilisée pour cela par le corps médical. C’est donc une perception bien différente du rapport à l’amaigrissement qu’elle a développé. En particulier, après sa seconde sleeve au cours de laquelle elle doit être placée en réanimation. La perte de poids est radicale, une vingtaine de kilos en quelques jours. Dans sa situation, la fonte musculaire a été intense. Lorsqu’enfin elle se réveille et s’assoit elle est sous le choc en regardant son corps, et en particulier ses « cuisses flasques » : « j’avais l’impression d’être dans un corps vide, j’ai trouvé horrible cette sensation d’être vidée de ma chair ».

    Quelques autres patientes m’ont fait part de leur sentiment d’échec quant à la peau de leurs cuisses. Le qualificatif flasque est le plus utilisé pour les décrire. « J’ai l’impression de ne plus avoir de muscles sous la peau » me rapportent certaines ou bien « d’avoir la peau remplie de vide » : ces discussions autour des cuisses trahissent leur déception quant à la norme corporelle initialement recherchée.

    Étonnamment, la peau du ventre ne pose pas de problème particulier à la plupart des femmes interrogées. Pour certaines, le tablier préexistait à l’intervention du fait d’une grossesse et/ou d’une césarienne et est mieux accepté socialement car le corps des femmes est assimilé ici à la reproduction (Lambert, 2018).

    Cependant, la poitrine, attribut féminin que nombreuses souhaiteraient conserver ou retrouver ferme et tonique, va également souffrir de l’amaigrissement.

    La poitrine ou l’échec du contrôle

    Si la peau du ventre ne semble pas s’être trop distendue chez les personnes interrogées, il est des zones du corps qui elles n’ont pas été épargnées. Presque unanimement, les femmes parlent de leur poitrine dont la peau est « flétrie », « fripée ». Les seins ont perdu de leur volume, laissant leur enveloppe cutanée en suspens. Monique, 57 ans et 30 kg perdus en un an et demi, m’explique avec humour, qu’elle est passée d’une taille 120 à 95 donc obligatoirement « ça pendouillemais bon j’ai plus 30 ans non plus ! ». Quelle est la part attribuable au vieillissement et celle liée à l’amaigrissement ? Pour Monique les deux causes semblent se confondre. Lucile, elle, semble plus surprise « je ne pensais pas perdre autant de poitrine » : en quelques mois elle a perdu plusieurs tailles, découvrant une peau « flétrie ». Flétri est un adjectif qui revient régulièrement dans les discours des femmes que j’ai pu rencontrer, et il est presque toujours associé à la description de la peau des seins ou du ventre. Lorsque je les interroge sur ce qu’est une peau flétrie, elles me répondent « fanée, comme une fleur qui a passé », « ridée et pendante » ou « comme vidée de quelque chose ». Il est intéressant de remarquer comme des zones symbolisant la féminité ou la fécondité sont à présent décrites comme vieillies et obsolètes, du fait de l’aspect de la peau qui les recouvre. Plusieurs en souffrent, en particulier dans l’intimité. Comme le souligne David Le Breton (2010b), la peau est le lieu du contact par la caresse ou l’érotisme et bien d’autres gestes du quotidien. En effet, si « habillée, ça ne se voit pas », le vécu de la nudité et la confrontation dans le regard de l’autre est plus difficile. L’autre, ici, c’est le conjoint ou la conjointe ou le·la petit·e ami·e de passage. Il y en a qui acceptent et soutiennent de façon inconditionnelle, rassurent sur leur amour, décorrélé de l’esthétique. Et il y en a d’autres qui ne disent rien mais fuient du regard ou du toucher ces poitrines à la peau surnuméraire. Certain·e·s commentent cette peau flétrie et la disparition de la poitrine antérieure et font clairement état de leur regret, voire de leur désintérêt pour cette poitrine qui n’a plus de forme. Le regard de l’autre peut être dur, et celui que les opérées portent sur elles‑mêmes l’est encore plus : « c’est moche », « ça ne ressemble plus à rien », « ça pend, on dirait des seins de vieille ! » ; insistant à nouveau sur ce vieillissement de la peau accéléré qu’elles n’avaient pas anticipé. Certaines femmes ne sont pas installées dans une vie de couple lors de l’opération. L’amaigrissement est d’ailleurs souvent une des conditions préalables à la séduction. L’idée qu’une fois le poids perdu, une nouvelle vie pourra débuter, est toujours très stimulante. D’ailleurs, Anastasia Meidani (2005) note que les femmes mettent en avant la séduction dans leur motivation à la chirurgie esthétique. La stigmatisation de l’obésité est telle que certaines femmes n’imaginent pas pouvoir être aimées sans perte de poids. La réalité des individus tend à résider uniquement dans leur apparence (Apfeldorfer, 2008).

    Ainsi, le revers de l’amaigrissement rapide peut être une vive déception quant au corps aminci idéalisé. La nouvelle enveloppe corporelle n’est malheureusement pas autant aimée que ce qu’elle a pu être fantasmée avant l’opération. Les kilos sont partis, un accès à une garde‑robe conforme à leurs envies est enfin possible, en revanche le décolleté a souffert de cet amaigrissement. Une patiente s’est ainsi sentie frustrée au moment du choix de sa robe de mariée, un an après l’opération : la peau recouvrant son décolleté semblait s’être « décollée du reste du corps », m’a‑t‑elle expliqué déçue. Séduire peut s’avérer une étape compliquée lorsque la poitrine est tombée et qu’elle est couverte d’une peau à l’aspect fripé, inspirant à ces patient·e·s un dégout de cette partie de leur corps. C’est d’ailleurs cette zone que la majorité des personnes souhaitent faire opérer. « Les séquelles d’amaigrissement au niveau du thorax, notamment chez la femme, sont quasi constantes. » (Eburdery, 2017 : 24). Cependant, bien que l’impact de l’affaissement de la poitrine, en particulier sur l’estime de soi, soit bien connu, ces interventions ne sont pas toutes considérées comme de la chirurgie réparatrice et donc non remboursées. Sauf dans le cas de Sophie qui a, malgré l’amaigrissement conservé une forte poitrine, ne nécessitant donc pas une pose de prothèses mammaires mais un simple « lifting de la peau qui pend », c’est‑à‑dire retirer l’excédent de peau et la « redraper ». Cela demandera donc à beaucoup de ces femmes de vivre avec ce surplus de peau « qui rappelle constamment qu’on a été grosse ».

    Le recours à la chirurgie

    Comme le souligne le chirurgien plastique Maurice Mimoun (2006), nous n’aimons pas voir notre peau pendre. La surcharge graisseuse a agressé l’enveloppe cutanée, et le surplus de peau après l’amaigrissement est un rappel disgracieux et handicapant, qui peut conduire vers une chirurgie réparatrice ou esthétique jamais anodine (Millat, 2021).

    Certaines franchiront alors le cap de la chirurgie réparatrice. Cindy, en a fait l’expérience en 2016 après une sleeve au cours de laquelle est a perdu 65kg. Ne reconnaissant plus son corps derrière cette peau flétrie, elle décide d’avoir recours à la chirurgie réparatrice, acceptée par la Sécurité Sociale. Elle débute par une opération des cuisses. Malheureusement, cela ne se passe pas comme prévu : elle qualifie même cela de « boucherie », a souffert intensément de douleurs post‑opératoires, et de désunion des cicatrices. La suture de la plaie s’est rouverte, les fils ont lâchés alors qu’elle s’était préalablement inquiétée d’un suintement, marqueur d’un problème de cicatrisation. Sa peau est une nouvelle fois lésée et a nécessité un temps de cicatrisation plus long. Cette complication a eu pour effet d’étendre l’épaisseur de la cicatrice, un marquage cutané dont Cindy a longtemps souffert. Elle vit cela comme une double peine qui lui serait infligée : après avoir enfin perdu beaucoup de poids, se débarrassant ainsi de l’obésité dont elle souffrait, la chirurgie réparatrice sensée être le point final à son combat se révèle être une bataille supplémentaire qui va la conduire dans une dépression. Elle reprend le poids perdu et se fera opérer d’un bypass[4] quelques années plus tard qui lui permettra de reperdre une partie de ce poids. Aujourd’hui, elle admet que malgré les cicatrices importantes laissées sur ses cuisses, « c’est quand‑même un peu mieux qu’avant » et que de ne plus être en situation d’obésité lui amène des bénéfices non négligeables sur sa santé. En revanche, elle confie ses difficultés à regarder son « ventre qui pend » et « sa poitrine toute flétrie ». Cindy évoque son sentiment de honte lorsqu’elle va à la plage car elle a « l’impression qu’on ne voit que ça ». Cela en devient même obsessionnel, « tous les jours j’ausculte ce bout de gras en me disant que c’est moche ». Ce surplus de peau qualifié par Cindy d’ « obsession », fait écho au vocabulaire employé pour décrire la différence stigmatisante, en écartant ce qui a trait à l’esthétique (Meidani, 2005).

    Cependant, échaudée par sa première expérience de chirurgie réparatrice, elle repousse l’opération du tablier. Celle‑ci serait pourtant remboursée, l’excès de peau abdominale recouvrant le pubis. Cindy en souffre psychologiquement et aussi physiquement. Elle continue de porter une gaine pour maintenir le tablier et pouvoir s’habiller. Elle essaie aussi de contrôler son alimentation pour continuer de maigrir, comme le chirurgien esthétique lui a imposé, avant de se résoudre à cette chirurgie réparatrice qui pour le moment l’effraie.

    Sandrine, en situation d’obésité suite aux échecs des chirurgies bariatriques, préfère aujourd’hui vivre en paix avec son corps. Néanmoins elle reste une observatrice avertie des messages qui circulent sur la chirurgie bariatrique et la chirurgie réparatrice, sur les réseaux sociaux. Elle me livre son constat : « Sur les réseaux, la santé est la justification de tout, que ce soit pour la chirurgie bariatrique ou réparatrice. Et puis une fois que c’est fait, on voit bien que c’est l’obsession de l’esthétique, de la beauté qui domine. Il n’est plus question de santé. »

    Regard sur la perte de poids

    Un tel amaigrissement ne passe pas inaperçu dans l’entourage. Cécile parle de cette peur de la stabilité, ce moment inquiétant où le poids sur la balance ne bouge plus, où les tailles de vêtements ne descendent plus, et où l’entourage ne remarque plus de changements physiques. Car les commentaires sur le poids qui descend sont sources de fierté et agissent comme s’ils venaient valider ce choix de s’être fait opérer, alors même qu’elle n’a fait part de son intervention qu’à très peu de personnes. Les patient·e·s ne souhaitent pas systématiquement expliquer à toutes leurs relations sociales les raisons de cette perte de poids (Troisoeufs, 2020), laissant place à des réflexions surprenantes et cependant représentatives des normes corporelles. Un sentiment est commun à tous, c’est l’amélioration de la confiance en soi. Même les personnes qui n’estimaient pas que leur poids était une entrave à leur niveau de confiance en eux, constatent que la perte de poids a eu un impact. Cécile s’amuse du gain de jugement corrélé à la perte de poids : « le poids est vraiment une question sociale. Il y a de la jalousie, ça se sent direct ! ». Confirmant les propos de Karen Throsby (2011) :

    « même lorsqu’une perte de poids importante se produit, les patients sont toujours accusés d’avoir triché parce que leur perte de poids s’est produite en dehors des stratégies de perte de poids moralement privilégiées que sont l’alimentation et l’exercice » (Throsby 2008, 2009)

    Les gens, admiratifs devant sa perte de poids rapide, et n’en connaissant pas la raison lui disent « du coup, je vais m’y mettre aussi ! ». Ce qui bien évidemment entretient la norme de minceur à laquelle les femmes sont assujetties ainsi que la culture des régimes amaigrissants.

    Monique trouve le regard des autres « gratifiant » devant son amaigrissement. Bien que certains aient cherché à la dissuader de recourir à cette opération, jugeant qu’elle « n’avait qu’à faire un régime, plutôt que d’opter pour la facilité ». Aujourd’hui elle peut se regarder dans le miroir.

    Thomas a vu l’inquiétude dans le regard de son entourage amical, en particulier à son poids le plus bas : « ça leur a fait peur ! On me disait que j’avais la tête d’un malade, on m’a demandé si j’avais un cancer ». En effet, la peau du visage est, elle aussi, soumise à une rapide modification. Le visage se creuse, la peau laisse apparaître des cernes autour des yeux, celle des joues n’est plus aussi tendue. Pour certain·e·s c’est au niveau du menton que l’enveloppe cutanée va se retrouver vidée et détendue. La peau du visage perd aussi de son éclat, prenant un teint terne et une couleur pâle, voire grise d’après les commentaires reçus par les opéré·e·s. En revanche, Thomas, lui ne se voyait pas maigrir, sauf dans les vêtements… ce qui est d’ailleurs une problématique commune à toutes les personnes interrogées.

    L’entourage de Lucile l’alerte car ses proches estiment qu’elle va trop au sport, qu’elle maigrit trop et que « ce n’est pas beau ! ». Elle se sent bien dans ce nouveau corps, n’y voyant peut‑être pas encore l’exercice d’un contrôle permanent. On lui dit qu’elle ne porte pas le bon regard sur elle et qu’elle ne se voit pas comme elle est. Cependant, la dysmorphie corporelle se retrouve fréquemment dans les troubles du comportement alimentaire (TCA) comme dans l’obésité, aussi, lors d’une perte de poids massive et si rapide il semble improbable de pouvoir s’approprier les modifications de schéma corporel en temps réel.

    Patrice, lui, a mis du temps à réaliser. C’est à la reprise du travail et de sa vie sociale, deux mois après l’opération que les collègues lui ont fait remarquer qu’il avait changé. Il avait perdu 18 kg, mais lui ne s’en s’apercevait pas. Pendant sa convalescence, il s’était laissé pousser la barbe, ce qui contribuait à masquer l’amaigrissement de son visage. Patrice estime qu’il lui a fallu 6 à 7 mois pour se rendre compte de sa perte de poids et surtout pour agir avec ce nouveau poids : « à 142 kg on a du mal à se relever de la position accroupie, à 110 kg je n’avais plus de problème, et pourtant je me demandais toujours si j’allais réussir à me relever ». Sa démarche était aussi adaptée à son ancien poids. Dans son travail, beaucoup de personnes considéraient que son poids lui conférait son « autorité ». Il aurait pu perdre en légitimité et finalement rien n’a changé dans son statut et la façon dont il est perçu par ses collègues.

    Ces témoignages illustrent parfaitement le rapport au corps que les opéré·e·s entretiennent après l’opération. Ils·elles ne se voient pas mincir, alors que l’entourage est stupéfait des changements qu’ils observent. Que les remarques soient inquiètes ou admiratives, cette nouvelle apparence corporelle leur convient. Toutefois, plusieurs mois sont nécessaires pour prendre conscience de ce schéma corporel modifié, et ce temps peut varier d’une personne à l’autre, et selon le degré de dysmorphie corporelle associé.

    Tout semble donc agir de façon immuable. Les corps auparavant obèses ont su être maîtrisés par la chirurgie, et pour maintenir les effets, pérenniser ce nouveau poids, il va falloir s’astreindre à un contrôle perpétuel, celui‑ci passera entre autres par celui de la peau qui pourrait trahir des secrets bien gardés.

    CONCLUSION

    Alors que la croyance collective quant à l’impact d’un amaigrissement massif sur la peau veut que l’on imagine instantanément des corps marqués par l’apparition d’un tablier abdominal, le retour d’expérience des patient·e·s est tout autre. La majorité des personnes interrogées ne font pas état d’un surplus de peau au niveau du ventre. Comment expliquer cet écart entre ce que l’on se représente et la réalité vécue par les opéré·e·s ? De Thomas qui s’est allégé de 70kg à Cécile et ses moins 30kg sur la balance, les réponses sont sans appel : leurs ventres se portent plutôt bien. Le port de la gaine permet probablement de préserver la peau du ventre, tout comme l’activité physique, l’alimentation ou la supplémentation systématique en vitamines. La peau est dans le contexte de chirurgie de l’obésité un réel enjeu de contrôle et de maîtrise de soi. « La société de consommation nous fournit ainsi un ensemble de moyens pour sculpter notre corps. L’entretien du corps « athlétique », synonyme de santé, se conforme aux normes corporelles existantes ; devient le loisir le plus prisé et le plus important. » (Perera, Marcellini, Matichescu et Nocca, 2019). Les ancien·ne·s obèses se conforment ainsi aux normes de minceur, d’entretien du corps et d’alimentation saine. De l’obésité à la minceur, c’est finalement un continuum.

    Toutefois, sur toutes les personnes rencontrées en post‑opératoire cette dernière année, quatre d’entre elles avaient un tablier abdominal marqué, et handicapant dans les actes de la vie quotidienne (habillement, marche, activité physique), malgré le fait qu’elles se soient conformées aux stratégies de contrôle proposées. Le poids de départ et le nombre de kilos n’expliquent pas ce résultat sur la peau. Il y a certes les prédispositions personnelles à avoir une peau plus ou moins élastique, cependant un phénomène commun à trois d’entre elles a attiré mon attention. Ces trois personnes m’ont confié avoir été victimes de violences et notamment de violences sexuelles dans l’enfance pour deux des trois personnes. Le poids, sous cette enveloppe cutanée tendue, a alors eu la vertu de protéger ces personnes. La perte de ce poids aussi rapide, et malheureusement sans avoir (suffisamment) travaillé les causes ayant menées à l’obésité, semble vider l’enveloppe de sa substance protectrice. Et pour sauver son·sa propriétaire de cette perte, le poids se retire en laissant la peau pendre de l’abdomen pour recouvrir le pubis.

    Si le ventre est donc majoritairement épargné dans cette expérience, montrant qu’il est possible de contrôler cette enveloppe cutanée ; l’impact est plus marqué sur la poitrine, les cuisses et les bras. La peau semble être alors hors de contrôle d’une certaine manière puisqu’elle va être le marqueur, le rappel de cet ancien corps gros. La chirurgie esthétique ou réparatrice si elle est réalisée pourra venir gommer ces stigmates. Cependant, elle laissera à son tour sur la peau des cicatrices, plus ou moins discrètes. L’enveloppe cutanée peut ainsi être vue comme dépositaire de nos parcours de vie : ce qui se vit, se lit sur la peau.

    BIBLIOGRAPHIE

    Adami G. F., Meneghelli A., Bressani A., Scopinaro N., (1999), “Body image in obese patients before and after stable weight reduction following bariatric surgery”, Journal of Psychosomatic Research, 46/3, 275‑281. https://doi.org/10.1016/s0022‑3999(98)00094‑4

    Apfeldorfer G., (2008), « Le Corps comme icône en souffrance », Corps, https://doi.org/10.3917/corp.004.0071

    Apfeldorfer G., Zermati J.‑P., (2009), « Traitement de la restriction cognitive : est‑ce si simple ? », Obésité, 4/2, 91‑96. https://doi.org/10.1007/s11690‑009‑0192‑2

    Bourdieu P., (1977), « Remarques provisoires sur la perception sociale du corps », Actes De La Recherche En Sciences Sociales, 14/1, 51‑54. https://doi.org/10.3406/arss.1977.2554

    Carof S., (2015), « Le « surpoids », un stigmate acceptable ? Représentations, discriminations et réappropriations des rondeurs féminines en France, en Allemagne et en Angleterre », Tr@jectoires, 9. https://doi.org/10.4000/trajectoires.1690

    Carof S., (2019), « Être grosse », Sociologie. https://doi.org/10.3917/socio.103.0285

    Dany L., (2021), Psychologie du corps et de l’apparence : L’image corporelle dans tous ses états. Aix en provence : Presses universitaires de Provence.

    Eburdery H., (2017), « Peau et sous‑peau après chirurgie bariatrique, la place de la réparation », Pratiques En Nutrition, 2025. https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S176673051730030X

    Enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité pour la Ligue contre l’Obésité. (2020). SRAE Nutrition. https://www.sraenutrition.fr/wp‑content/uploads/2021/08/Enquete‑epidemiologique‑sur‑le‑suproids‑et‑lobesite‑Odoxa‑x‑Obepi.pdf

    Évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement. (2010, novembre). ANSES. https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2009sa0099Ra.pdf

    Felitti V. J., Anda R. F., Nordenberg D., Williamson D. F., Spitz A. M., Edwards V., Koss M. P., Marks J. S., (1998), “Relationship of Childhood Abuse and Household Dysfunction to Many of the Leading Causes of Death in Adults”,American Journal of Preventive Medicine, 14/4, 245‑258. https://doi.org/10.1016/s0749‑3797(98)00017‑8

    Gallenga G., (2005), « Une ethnologue dans la grève », Dans Ethnologie française, 35/4, 723‑732. https://doi.org/10.3917/ethn.054.0723

    Gallenga G., (2008), « L’empathie inversée au cœur de la relation ethnographique », Journal des anthropologues, 114-115, 145-161. https://doi.org/10.4000/jda.319

    Goffman E., (1975), Stigmate : Les usages sociaux des handicaps (A. Kihm, Trad. ; coll. « Le Sens commun » ). Éditions de Minuit. (Original work published 1963)

    Huerre P., (2013), « Trop de poids, trop de quoi ? » Cliniques, 6/2, 39. https://doi.org/10.3917/clini.006.0038

    Lambert B., (2018), « Penser le genre et la chirurgie bariatrique », HAL. http://tristan.u‑bourgogne.fr/CGC/publications/Transversales/Genre_et_sante/B_Lambert.html

    Le Breton D., (2010a), « D’une tyrannie de l’apparence : corps de femmes sous contrôle », Dans M. Dion, Éthique de la mode féminine (p. 326). Presses Universitaires de France. https://doi.org/10.3917/puf.dion.2010.01.0003

    Le Breton D., (2010b), « Se reconstruire par la peau. Marques corporelles et processus initiatique. Revue Française de Psychosomatique, 38/2, 85. https://doi.org/10.3917/rfps.038.0085

    Lepiller O., (2015), « Moi, je ne demande pas à rentrer dans une taille 36 », Journal des anthropologues, 140/141, 235‑255. https://doi.org/10.4000/jda.6130

    Meidani A., (2005), « Différence “honteuse” et chirurgie esthétique : entre l’autonomie subjective des sujets et l’efficacité du contexte normatif », Déviance Et Société. https://doi.org/10.3917/ds.292.0167

    Mimoun M., (2006), « La quatrième dimension de la peau. Revue française de psychosomatique », 147‑158. https://doi.org/10.3917/rfps.029.0147

    Millat B., (2021), « La chirurgie bariatrique sans excès d’honneurs ni indignité: Commentaire », Sciences sociales et santé, 39, 69‑77. https://doi.org/10.1684/sss.2021.0203

    Obésité : prise en charge chirurgicale chez l’adulte. (2009, janvier). HAS. https://www.has‑sante.fr/upload/docs/application/pdf/2009‑04/obesite_‑_prise_en_charge_chirurgicale_chez_ladulte_‑_synthese_des_recommandations.pdf

    Perera R., Marcellini A., Matichescu M., Nocca D., (2020), « Contrôler sa silhouette : l’obésité face aux pressions sociales du recours aux techniques (biomédicales) de modification du corps », Corps, 17/1, 329337. https://doi.org/10.3917/corp1.017.0329

    Poitou C., (2019), « Obésités génétiques : diagnostic et prise en charge en 2019 », Société Francophone Du Diabète. https://www.sfdiabete.org/files/files/JNDES/2019/3_mced95_poitou.pdf

    Throsby K., (2012), “Obesity surgery and the management of excess : exploring the body multiple”, Sociology of Health and Illness. https://doi.org/10.1111/j.1467‑9566.2011.01358.x

    Troisoeufs A., (2020), « Je me sens déshandicapée ». Approche anthropologique de la chirurgie de l’obésité et des situations de sortie de handicap », Alter, 14/1, 1326. https://doi.org/10.1016/j.alter.2019.07.001

    Vigarello G, (2010), Les métamorphoses du gras : histoire de l’obésité du Moyen Age au XXe siècle, Paris : Seuil.

    Vigarello G., (2022), « Le paraître : son vocabulaire, ses modes, ses objets »; Corps, 20/1, 1521. https://doi.org/10.3917/corp1.020


    [1].. L’ANSES a rendu un rapport alarmant en 2010 sur la pratique des régimes amaigrissants : reprise du poids perdu en un an pour 80% des sujets, effets délétères sur la santé, apports nutritionnels insuffisants, majoration du risque de développer des troubles du comportement alimentaires.

    [2].. L’indice de masse corporelle se définit par le rapport entre le poids et la taille, selon la formule suivante : IMC=Poids (en kg) / Taille2(en m).

    [3].. De nouvelles recommandations devraient être émises par la HAS sur la chirurgie bariatrique, courant 2023.

    [4].. Le bypass est une technique chirurgicale provoquant une restriction et une malabsorption des aliments et nutriments. Il est également nommé « court‑circuit gastrique ». Il peut être pratiqué lors d’une reprise pondérale après une sleeve.