Marques corporelles, inscriptions, traces, piqûres, griffures, fleurs de bagne, bousilles, brouillages, matricules, ce numéro explore la mise en scène encrée du corps à travers différentes pratiques artistiques, sociales, esthétiques et éthiques. Que dit la citation sur le corps ? Comment le corps tatoué s’inscrit‑t‑il dans l’espace ? Comment est‑il lu, vu, perçu ? Comment devient‑il lisible ? Que performe‑t‑il ? Le tatouage relève‑t‑il d’une littérature dessinée, calligraphiée, performée ?
Dans la lignée du volume consacré à l’imaginaire du tatouage (La Peaulogie, 4) et dans le cadre du projet pluriannuel, international et transdisciplinaire La littérature dans la peau, le numéro Textes à vif. Tatouages, transferts, performances analyse la mise en texte du corps, en étant davantage centré sur l’art corporel. On y interroge notamment la pratique du tatouage, de l’auto‑tatouage et la façon dont ces marquages sont représentés au cinéma, dans la chanson, la littérature et le spectacle vivant. Écrire, créer et encrer convergent dans des espaces de création, de sociabilité et de constructions identitaires qu’il s’agit d’étudier pour mieux comprendre la façon dont le corps qui parle est semblable au langage performatif lorsqu’il est tatoué.
Ce numéro propose donc de cartographier et de mettre en lumière des occurrences de textes à vif au cinéma (Jean Vigo, Peter Greenaway, Christopher Nolan), dans la chanson réaliste (Marie Dubas, Aristide Bruant), le roman victorien (A Laodicean de Thomas Hardy), la fiction contemporaine comme dans la bande dessinée (Paco les mains rouges), ou encore à travers des poèmes‑portraits et les pratiques d’artistes performeurs comme Jean‑Luc Verna et Yoann Sarrat, de façon à mieux comprendre la richesse de ces corps‑écrans, corps‑scènes et autres corps‑livres.
Anne CHASSAGNOL, Brigitte FRIANT-KESSLER