Essai d’ethnophanérologie animale

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    Jean-Pierre DIGARD

    Anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS et membre de l’Académie d’Agriculture de France, spécialiste de l’Iran et de la domestication animale.

    Référence électronique
    Digard J.P., (2022), « Essai d’ethnophanérologie animale », La Peaulogie 9, mis en ligne le 11 juillet 2022, [En ligne] URL : https://lapeaulogie.fr/ethnophanerologie-animale

    Résumé

    Après une présentation succincte des phanères animaux considérés selon le point de vue de la zoologie, l’article examine le champ, les perspectives et les conditions d’une ethnologie de ces mêmes phanères. Il faut entendre par là l’étude des perceptions que les hommes en ont, ainsi que des utilisations, matérielles (tissage de la laine ou du poil, etc.) mais aussi symboliques ou religieuses qu’ils en font. Le numéro étant consacré aux « pilosités », les animaux considérés dans l’article seront principalement des Mammifères. Leurs phanères seront envisagés successivement en place sur le corps des animaux vivants (à des fins de protection, signalétiques, etc.) puis séparés du corps des animaux (par mue, tonte, etc., en vue de la fabrication d’objets divers, utilitaires ou décoratifs). Pour conclure, on s’interrogera sur les logiques qui s’affrontent dans l’appréciation de certaines pratiques comme l’usage vestimentaire de la fourrure.

    Mots-clés

    Animaux, Fourrure, Laine, Mammifères, Mue, Oiseaux, Phanères, Poil, Tissage, Tonte

    Abstract

    After a brief presentation of animal dander from the point of view of zoology, the article examines the scope, perspectives and conditions for an ethnology of these same skin appendages. By this is meant the study of the perceptions that men have of them, as well as the uses, both material (weaving of wool or hair, etc.) and symbolic or religious, that they make of them. As the issue is devoted to “pilosities”, the animals considered in the article will mainly be Mammals. Their dander will be considered successively in place on the bodies of live animals (for protection, signaling, etc.) then separated from the animals’ bodies (by moulting, shearing, etc., in order to make various utilitarian or decorative objects). To conclude, we will look at the opposing logics in the appreciation of certain practices such as the use of fur for clothing.

    Keywords

    Animals, Dander, Fur, Hair, Mammals, Moulting, Shearing, Weaving, Wool

    PREMICES LEXICOGRAPHIQUES

    VOUS AVEZ DIT « PHANERES » ?

    Peut‑être n’est‑il pas inutile de rappeler que le mot « phanère », nom masculin, du grec phaneros, « visible », « apparent », désigne les productions tégumentaires visibles, fortement kératinisées, de la couche cornée épidermique des êtres vivants du règne animal, telles que les écailles, plumes, poils, crins, cheveux, ongles, griffes, sabots, dents.

    L’étude des phanères, ici désignée pour faire bref par le néologisme « phanérologie », représente un domaine plus important qu’il y peut paraître à première vue. Cette importance a été illustrée récemment par une controverse provoquée par la découverte en Chine d’un squelette de Sinosauropteryx, dinosaure carnivore, vieux de 145 millions d’années mais dans un état de conservation tel qu’il présentait encore des vestiges de phanères dorsaux. De l’identification de ces phanères – écailles, plumes ou poils ? — dépendra le classement de cet animal dans la Classe des Reptilia (Reptiles), dans celle des Aves (Oiseaux) ou dans celle des Mammalia (Mammifères), ainsi, par conséquent, que sa position dans la chaîne phylogénétique…

    En effet, les phanères varient selon les classes d’animaux : écailles chez les Poissons, à plusieurs exceptions près (poisson‑chat, carpe‑cuir, esturgeon, silures, espadon, raies, requins…) ; plumes de différents types chez les Oiseaux : rémiges et rectrices (grandes plumes ou pennes des ailes et de la queue), duvet, mais aussi becs, griffes des pattes, ergots des coqs… La liste des phanères s’allonge encore chez les Mammifères, avec les poils dans toute leur variété (soies, crins, laine, jarre, bourre, cheveux, etc.), les ongles, griffes et sabots, les cornes des Bovidés (mais pas les « bois » des Cervidés qui, bien que caducs, sont des formations osseuses), enfin les dents dont font partie les défenses (canines à croissance continue) des éléphants et de certaines espèces de Suidés (phacochères d’Afrique, babiroussa d’Indonésie).

    QUID DE L’ETHNOPHANEROLOGIE ?

    Par ethnophanérologie, je propose d’entendre l’étude des perceptions et des représentations que les humains ont des phanères, y compris des leurs (Bromberger, 2015), ainsi que des utilisations, matérielles et autres (signalétiques, ornementales, symboliques, etc.), qu’ils en font. Par voie de conséquence, l’ethnophanérologie animale se limitera à l’étude des perceptions et des représentations que les humains ont et des utilisations qu’ils font des phanères des animaux, à l’exclusion toutefois des métamorphoses animales de l’homme (Pouvreau, 2015). Enfin, puisqu’il s’insère dans un ensemble portant sur les « Pilosités », le présent essai traitera principalement des Mammifères, animaux velus par excellence (là encore à de rares exceptions près comme celle, extrême, du chien de race American Hairless Terrier), sans toutefois s’interdire des incursions dans d’autres domaines, comme celui, très riche, des plumes (Méchin, 2014), lorsque cela s’avérera nécessaire ou particulièrement éclairant.

    Chemin faisant, il nous faudra distinguer, d’une part les phanères « en place », sur le corps d’animaux vivants, d’autre part ceux séparés de leurs supports naturels, soit parce qu’ils en sont tombés naturellement (mue saisonnière), soit parce qu’ils ont été prélevés sur des animaux vivants (par tonte, arrachage…) ou morts (dépouillage, dépilage des peaux).

    LES PHANERES CONSIDERES SUR LE CORPS D’ANIMAUX VIVANTS

    PHANERES A L’ETAT « NATUREL », NON OU PEU MODIFIES PAR L’ACTION DE L’HOMME

    Dans ce cas, les phanères, n’étant pas utilisés au sens matériel du terme, sont presque exclusivement l’objet de perceptions, de représentations.

    Ainsi, pour François Poplin, le poil est le critère de l’« animal vrai », celui que l’on élève et dont l’élevage est le plus valorisé et valorisant. Pour les autres animaux, on parle de sériciculture, d’apiculture, de pisciculture, d’aviculture… Les seules exceptions sont la cuniculiculture pour le lapin (de son nom scientifique Oryctolagus cuniculus) et la puériculture pour les petits d’Homo sapiens (cf. les « jardins d’enfants »). Citons encore, pour mémoire, la « capilliculture » : « les cheveux sont comme du végétal poussant sur nous » (Poplin, 1997).

    À l’inverse, lorsqu’il est porté par des animaux « étranges », c’est‑à‑dire phylogénétiquement éloignés de nous, les humains, sur l’arbre de l’évolution, le poil devient objet de répulsion (par exemple sur les araignées). Au contraire, sur les animaux évolués, c’est un attribut majeur de l’esthétique animale.

    La perception humaine de la toison des animaux vivants peut faire appel à deux sens : la vue (pour la couleur du poil, son lustre, sa longueur, ses ondulations) et le toucher (pour son épaisseur, sa texture, qui incitent à la caresse ou inspirent au contraire la répugnance).

    Chez les Bédouins du désert de Syrie (Musil, 1928, 330‑336), la description des dromadaires suscite un vocabulaire de plus d’une centaine de mots, de même que pour la description des chevaux (p. 371‑380) ; celle‑ci va jusqu’à occuper les deux tiers du volume des Farasnâma, traités d’hippologie classiques arabes (Digard, 1994, 1‑5 ; 2002). La description de la « robe » (pelage) des chevaux occupe également, dans les manuels d’hippologie de l’Occident contemporain, une place qui n’est pas non plus négligeable (Marcenac, Aublet et d’Hauteville, 1980, 283‑291).

    Dessin M. Verque in Joubin et Robin, 1923. BnF / Gallica

    Chez les Lapons du nord de la Norvège, tout éleveur doit pouvoir reconnaître ses propres rennes, mais aussi, le cas échéant, se montrer capable d’identifier et de décrire des rennes étrangers. À cette fin, plusieurs lexiques descriptifs très raffinés permettent de recenser les moindres détails de l’aspect extérieur de ces animaux. C’est ce que Delaporte (2002, 91‑148) appelle les « systèmes indicateurs ». Il en recense cinq, parmi lesquels le lexique des robes au sein duquel il distingue, d’une part, une « typologie étique » (i. e. élaborée par l’ethnologue), avec une série principale (couleurs de fond de robe pouvant être utilisées seules), un lexique des nuances (souffre, brillant, sale…), un lexique des taches (sur le tronc, sur la tête, sur les pattes), des combinaisons entre le lexique du pelage et celui des taches, etc. ; d’autre part, une « typologie émique » (i. e. indigène), avec des pelages principaux, des catégories particulières de pelages, des familles de pelages : rennes mouchetés, rennes « à images », rennes « ornés », « beaux rennes » (au pelage rare ou aux couleurs bien tranchées). L’auteur précise en outre que « les catégories lapones ne relèvent ni d’une pensée spéculative, ni d’un quelconque système symbolique. Elles ne visent qu’à satisfaire des buts concrets » (Delaporte, 2002, 139) qui sont de pouvoir repérer et désigner n’importe quel renne au sein de troupeaux de milliers de têtes, avec toutefois une importance particulière apportée aux « critères esthétiques […] qui satisfont au mieux les besoins de mémorisation et d’échange d’information » (p. 136).

    Renne à images
    Delaporte Y., (2002), Le regard de l’éleveur de rennes. Essai d’ethnologie cognitive, Louvain : Peeters.
    Dessin de L. Juhán, éleveur lapon (Delaporte, 2002, 130)

    Les robes des chats représentent elles aussi un ensemble d’une extrême variété. En particulier parmi les chats persans actuels (Digard, 2000), race à l’épaisse toison, dont on dénombre en effet plus de 80 variétés caractérisées par les couleurs du poil, leur répartition et leurs combinaisons : noir, blanc, bleu, roux, rouge, crème, « smoke » (fumé), chinchilla, écaille de tortue, bicolore, calicot (écaille et blanc), « tabby » (marbré), « colour point » (nez et extrémités plus foncés que le corps), « caméo » (chinchilla roux), zibeline, etc. (Patin, 1992, 85‑92).

    Chez les chiens, on peut aussi distinguer des races à poil long (colley irlandais, lévrier afghan…) ou semi‑long (berger briard…), à poil « dur » (griffons), à poil ras (boxer, dalmatien…), et même des « chiens nus » comme ceux du Mexique où ils étaient autrefois élevés pour leur viande. En outre, chez les chiens comme chez les chats, bien qu’à un degré moindre, certaines races comme le bouledogue français se signalent par des couleurs de robe très variées dites « exotiques » : bringé inversé, merle, bleu, « chocolat et lilac », « black and tan »… Bien que non reconnues au LOF (Livre des Origines Français), ces couleurs sont très recherchées et conduisent à des prix d’achat des chiots concernés de 1000 à 2 000 € supérieurs à ceux des chiots de couleurs standard.

    Même chez le gros bétail, les robes peuvent varier considérablement à l’intérieur d’une même race. Tel est notamment le cas pour la forme, le nombre et la disposition des taches dans la race bovine normande.

    Quelques-unes des variantes dans la robe de la race bovine normande
    (Denis et Costiou, 1990, 37)

    Enfin, on n’aurait garde d’oublier le cas singulier du cyprin doré (Carassius auratus), notre « poisson rouge » connu et apprécié pour les variations de sa couleur, du blanc (dépigmentation) au rouge, et de ses éventuelles taches noires. En Chine, où ce poisson est élevé depuis le VIIIe siècle au moins, l’empereur Gao Zong (XIIe siècle), s’étant pris de passion pour cette activité, fit construire des bassins réservés à ces poissons et créa un corps d’« éleveurs de poissons d’or » chargés de guetter l’apparition des mutations et de les pérenniser en isolant les mutants. Dès lors, le nombre de variétés ainsi créées, différant non seulement par leurs couleurs mais aussi par leurs formes (nageoire caudale en voile, globes oculaires hypertrophiés, poissons‑bouledogues, etc.), ne cessa de croître pour atteindre 92 en 1772 et 158 en 1958 (Métailié, 1988, 55 ; Digard, 2009, 143).

    Presque universellement répandue, donc, et très ancienne, au moins depuis l’Antiquité, la science de l’« extérieur » des animaux (aspect général, morphologie, appréciation des aplombs, couleur des robes, etc.), constitue aujourd’hui une sous‑discipline de la zootechnie, enseignée en tant que telle dans les écoles vétérinaires et d’agronomie.

    À cela, s’ajoute tout un attirail de croyances et dictons fondés sur l’« extérieur » des animaux… En voici un exemple, empruntés au domaine équestre : « Balzane une, cheval de rien ; balzane deux, cheval de gueux ; balzane trois, cheval de roi ; balzane quatre, cheval à abattre » (la balzane est une coloration blanche du boulet, partie du pied du cheval située au‑dessus du sabot). Chez le chat et le mouton, le noir est porteur de maléfices et associé au démon et au malheur (cf. Darnton, 1985), tandis que le blanc, couleur de l’agneau pascal, est symbole de douceur et d’innocence (Laurans, 1990, 6‑7 ; Hachet, 1990).

    Outre le « modèle », les caractéristiques du poil et les couleurs de robe revêtent évidemment une importance déterminante dans la définition des standards de race et, par conséquent, dans les concours d’élevage, requérant force toilettages préalables, non seulement pour les chats (Bosse, 1990) et les chiens (Costiou et Denis, 1990), mais également pour le bétail comme on peut le voir faire dans tous les salons agricoles (Mayaud, 1991 ; Brisebarre, 2010).

    Signalons au passage que cette passion des standards de race et des concours d’élevage concerne également les milieux colombophiles et ornithologiques, qui sont organisés en « clubs de posture » (pigeons boulants, canaris yorkshire, au port élancé et vertical, ou norwich, de forme ronde…) et « clubs de couleur » (pigeons archangel, bouvreuil…, canaris jaunes, blancs, isabelle, frisés…), tous clubs qui organisent des concours correspondant à chaque catégorie et fréquentent les mêmes lieux comme l’emblématique Marché aux Oiseaux dans l’Ile‑de‑la‑Cité à Paris (Del Col, 2002).

    Toutes ces activités centrées sur l’« extérieur » des animaux se fondent sur la forte variabilité génétique de certaines espèces animales, jointe à un rythme de reproduction relativement rapide comme chez le chat, le chien ou le cheval, tout l’art de l’éleveur consistant à pratiquer une sélection des reproducteurs adaptée aux objectifs recherchés.

    Il faut savoir aussi que la multiplication des taches et des couleurs différentes dans les robes animales est l’un des premiers effets de la domestication (Laurans, 1990, 1‑2), du fait de l’augmentation de la consanguinité que celle‑ci a entraîné, consanguinité qui a favorisé la résurgence des caractères génétiques récessifs dans le phénotype des animaux élevés, par exemple (caractères dominants en majuscules, caractères récessifs en minuscules) : génotype BR.bl x génotype BR.bl (phénotypes tous BR) → 25 % de probabilité de génotypes BR.BR + 50 % de BR.bl + 25% de bl.bl, soit 75% de phénotypes BR et 25% de phénotypes bl.

    Les raisons de l’intérêt porté par les humains à l’« extérieur » des animaux, et ce dans presque toutes les sociétés, sont multiples et s’expliquent aisément. D’abord, on l’a vu, c’est cela qui apparaît immédiatement à l’observation et qui permet de distinguer un animal d’un autre et de le décrire en cas de besoin. Cette fonction signalétique revêt une importance capitale dans les sociétés qui pratiquent l’élevage extensif, où les troupeaux sont dispersés et où les animaux appartenant à plusieurs propriétaires peuvent être amenés à se mêler, voire à être volés (Khazanov et Schlee, 2012). Par exemple, chez les Bakhtyâri, pasteurs nomades des montagnes du sud‑ouest de l’Iran, un homme soupçonné d’avoir dérobé du bétail est socialement tenu de restituer son bien au propriétaire lésé si celui‑ci se montre capable d’en faire une description complète, précise et exacte (Digard, 1981, 63‑65).

    L’intérêt pour l’« extérieur » des animaux répond aussi, bien sûr, à des considérations esthétiques, emblématiques et récréatives. La plupart des éleveurs, aussi bien de bovins que de chats ou de chiens, éprouvent une légitime fierté à sélectionner des animaux conformes au standard de leur race, voire des « hypertypes » (animaux présentant des caractères raciaux volontairement exagérés, parfois au détriment de leur santé, comme chez les bouledogues), tendance que les vétérinaires sont de plus en plus nombreux à critiquer. En Afrique, les pasteurs peuls (fig. 4) et nilotiques ont tendance à privilégier, à des fins esthétiques et identitaires, la forme et la taille des cornes de leurs bovins, souvent en négligeant leurs qualités laitières et bouchères : c’est ce que la littérature ethnologique décrit sous le nom d’« élevage sentimental », de « boomanie » ou de « cattle complex » (Herskovits, 1926) ou encore de « fétichisme du bétail » (Bonte, 2008).

    Bovins des Peuls du Niger
    (Dupire, 1962)

    Ces marquages identitaires ethniques et/ou régionaux s’observent également en Europe : bovins noirs et chevaux gris de la Camargue vs bovins gris et chevaux bais‑bruns de la Maremma, homologue italienne de la Camargue, en Toscane ; cheval de trait noir du Limousin vs cheval gris du Perche (Lizet, 1990), etc.

    Dans l’Europe occidentale équestre, l’engouement de la noblesse des XVIIe et XVIIIe siècles pour les « chevaux de couleur » (pie, isabelle…) (Roche, 2015) a cédé la place au XIXe siècle au goût bourgeois pour les chevaux bais, bais bruns ou zains (sans un seul poil autre que noir) (Lizet, 1989), avec une attention accrue portée aux « particularités à siège fixe » (présence ou absence d’épis, de balzanes, de listes‑en‑tête…), attention qui s’est elle aussi modifiée au cours du temps, non sans évoquer l’évolution du port des décorations humaines, des croix et rubans exhibés avec ostentation autour du cou ou sur la poitrine sous l’Ancien Régime, au fin ruban rouge de la Légion d’honneur porté, car il faut tout de même que cela se remarque, au revers d’une redingote noire au XIXe siècle, puis d’un costume gris sombre ou d’un blaser bleu marine aujourd’hui…

    PHANERES « EN PLACE » SUR LE CORPS D’ANIMAUX VIVANTS MAIS MODIFIES PAR L’ACTION HUMAINE

    Les phanères qui, bien que laissés en place sur le corps des animaux, peuvent être modifiés sont les plumes, les griffes, les ergots et le bec des oiseaux, les cornes des Ruminants, leurs sabots ainsi que ceux des Équidés, les défenses des éléphants, enfin les poils et toisons dans toute leur diversité : soies, crins, laine, jarre, bourre, etc.

    Les façons de les modifier sont tout aussi variées, et dépendent en grande partie des phanères considérés.

    On peut agir sur leur longueur, pour l’augmenter, soit en les laissant pousser naturellement, comme avec la crinière et/ou la queue de certains chevaux (Digard, 1994, 66), soit en les prolongeant artificiellement, par exemple en ferrant les sabots des chevaux et des bœufs de travail, en arrimant des lames aux ergots des coqs de combat comme dans le nord de la France (Danaë, 1989 ; Cegarra,1992, 50‑54) ou des lances aux défenses des éléphants de guerre comme dans la Perse antique et la Chine médiévale (Delort, 1990, 52). On peut aussi – c’est le cas le plus fréquent – diminuer leur longueur à des fins variées et de différentes manières en fonction des phanères et des animaux considérés : tonte partielle du corps, membres exceptés, des chevaux de selle en été ; « toilettage » particulier de certaines races de chiens (tonte « en lion » des grands caniches…) ; « parage » des pieds des chevaux consistant à rectifier l’usure des sabots, à éliminer les parties abîmées, etc., préalablement à la pose des fers ; écornage chimique, à la naissance, ou génomique des bovins afin d’éviter les blessures, notamment pour ceux élevés en stabulation libre ; épointage (afeitado en espagnol) des cornes des taureaux de combat, pratique délictueuse en tauromachie espagnole ; « barbage », ablation préventive de la crête et des caroncules des coqs de combat (Cegarra, 1992, 48‑49) ; débécage des volailles pour éviter le piquage en élevage intensif ; « désailage », ablation ou ligature de certaines rémiges de l’une des ailes d’oiseaux (canards, cygnes…) que l’on veut empêcher de s’enfuir en s’envolant…

    Il est aussi possible, enfin, d’agir sur l’aspect des phanères sur le corps des animaux sans modifier leur longueur dans un sens ou dans l’autre, soit en teignant des parties plus ou moins importantes de la toison (comme sur les moutons que l’on veut pouvoir distinguer d’autres moutons au sein d’un même troupeau), soit en y inscrivant des motifs décoratifs (par exemple au henné sur certains chevaux gris au Maghreb). On peut encore graisser, à des fins d’entretien, ou vernir, dans un but décoratif, les sabots de chevaux. Sans modifier la couleur du poil, on peut en modifier l’aspect par simple brossage et peignage (« toilettage » des chats et des chiens, « pansage » des chevaux) ou « dépeignage », brossage à rebrousse‑poil des bovins des races à viande (charolaise, limousine…) pour accentuer leur aspect massif et rustique d’animaux élevés en plein air, à l’inverse des races à lait (holstein) qui sont rasées pour faire ressortir le volume de leur pis. On peut encore tresser ou nouer la crinière ou la queue des chevaux ; rendre plus fin, soyeux et brillant leur poil en leur faisant porter, tant au pré qu’à l’écurie, une couverture (padd) qui les recouvre de l’encolure à la croupe, technique connue et utilisée aussi bien pour les chevaux turkmènes que pour les pur‑sang anglais. On peut enfin façonner leur croupe en collant leur poil selon un motif en damier comme font à leurs montures les cavaliers de la Garde républicaine les jours de défilé.

    PHANERES SEPARES DU CORPS DES ANIMAUX

    PHANERES TOMBES NATURELLEMENT D’ANIMAUX VIVANTS

    Le phénomène des mues printanières concerne la presque totalité des animaux, des Reptiles aux Mammifères supérieurs en passant par les Oiseaux. Sans doute, dans un très lointain passé, ces peaux, plumes et poils tombés à terre ou accrochés aux branches basses et au tronc des arbres constituaient‑ils une aubaine pour les humains. Leur utilisation est aujourd’hui marginale voire totalement dépassée, exception faite peut‑être des plumes d’autruche, de faisan et de paon à destination ornementale et/ou vestimentaire.

    PHANERES PRELEVES SUR DES ANIMAUX VIVANTS

    Ces phanères sont de trois sortes : la laine, les poils de jarre, plus longs et plus épais, et les poils de bourre ou duvet, qui forment la sous‑couche des précédents. Ces trois types de phanères constituent, dans des proportions variables, la toison de plusieurs espèces de Mammifères domestiques : le mouton, la chèvre, le chameau d’Asie centrale (Camelus bactrianus, à deux bosses), le dromadaire d’Afrique du Nord et du Moyen‑Orient (C. dromedarius, à une bosse), le yak de l’Himalaya (Bos grunniens ; Bonnemaire et Jest, 1976) et l’alpaca, Camélidé des Andes (Vicugna pacos) (Digard, 1992), sans oublier le modeste lapin (Arnold, 1990).

    Yak de Tartarie
    Gravure de G. Stubbs in Turner, 1800.

    Les techniques de prélèvement de ces phanères sont la tonte pour la laine et le poil de jarre, et le peignage pour la bourre. Les techniques, l’industrie et les utilisations de la laine sont suffisamment connues (Martin, 1964) pour qu’il soit nécessaire d’y insister ici, sauf pour préciser qu’elles ne concernent pas seulement le mouton, mais aussi les Camélidés dont la laine entre dans la fabrication de textiles, à des fins vestimentaires notamment, de très grande qualité. Le poil de chèvre et de yak, plus grossier mais très résistant, est notamment utilisé pour le tissage de la toile des tentes des nomades (Feilberg, 1944 ; Digard, 1981). Enfin, les poils de bourre de ces animaux, cardés (c’est‑à‑dire emmêlés), foulés dans de l’eau chaude savonneuse puis pressés, donnent le feutre dont sont faits certaines capes de berger, les parois et la couverture des yourtes des nomades d’Asie centrale et des chapeaux de formes, de qualités et de destinations variées. Les feutres les plus fins sont faits avec du duvet (sous‑poil ou bourre) de lapin.

    Tente de nomades Bakhtyâri en poil de chèvre tissé, sud‑ouest de l’Iran.
    Digard, 1981, 160.

    PHANERES PRELEVES SUR DES ANIMAUX MORTS

    À la différence du prélèvement de la laine et des poils des Mammifères, qui peut s’effectuer sur des animaux vivants, l’acquisition d’autres phanères requiert la mise à mort préalable des animaux qui les portent. Tel est notamment le cas pour le duvet des canards et des oies qui ne peuvent être « plumés » que morts. Tel est également le cas pour la corne des Ruminants et, hélas, pour l’ivoire des défenses des éléphants dont le braconnage, surtout en Afrique, menace jusqu’à la survie des espèces concernées (Delort, 1990).

    Tel est enfin et a fortiori le cas pour les peaux entières prélevées par dépouillage d’animaux de boucherie à l’abattoir ou d’animaux spécialement élevés à cette fin. Dépouillées d’un seul tenant, dépilées et ligaturées à chaque extrémité, les peaux de chèvre donnent des outres d’usage courant dans un grand nombre de sociétés paysannes ou nomades pour transporter et conserver l’eau de boisson ou des laitages (Digard, à paraître). Dépilées et tannées, les meilleures parties des peaux des bovins, ovins, caprins et porcins donnent différents cuirs aux usages variés. Last but not least, traitées en conservant leurs phanères, tout ou partie des peaux de certains animaux chassés – phoque par les Inuits (Esquimaux), bison, raton‑laveur, castor, etc., par les Indiens d’Amérique du Nord, loup et bien d’autres gibiers par les peuples de Sibérie – ou élevés – renne dans le nord de l’Europe et en Sibérie, agneau astrakan (race ovine karakul) en Iran oriental, Afghanistan et Asie centrale, etc. – fournissent des fourrures à usages principalement vestimentaires.

    Brebis de race karakul et son agneau astrakan, Iran
    (MacMillan, 1939, 4)

    Séparés du corps des animaux, les phanères servent aussi, bien sûr, à la fabrication d’un grand nombre d’objets utiles aux humains, notamment pour leur habitation (tentes en poil de chèvre tissé, yourtes en feutre) et leur habillement (capes de bergers et chapeaux en feutre, vêtements en laine et en fourrure, chaussures en cuir), ainsi que pour d’autres usages (outres en peau, manches de couteaux en corne), etc.

    Plus marginale mais non moins significative est l’utilisation de phanères animaux comme compléments ou substituts de phanères humains, à des fins de parure ou de modification du corps humain : griffe de grand félin ou dent de requin‑tigre montée et portée en sautoir par les « càcous » marseillais (Gasquet‑Cyrus, 2016, 194), symétriques masculins des « cagoles » (Tourre‑Malen, à paraître), défense de porc sauvage traversant la cloison nasale chez les Baruyas de la Nouvelle‑Guinée (fig. 9), bague de peau hérissée de poils dont certains aborigènes d’Australie se ceignent le pénis (Bonnard et Schouman, 2000)…

    FINALITES ET DETERMINANTS DE L’INTERET DES HUMAINS POUR LES PHANERES ANIMAUX

    Nous avons déjà, chemin faisant, rencontré plusieurs de ces finalités et motivations. Essayons maintenant de compléter, d’ordonner et d’interpréter cet inventaire.

    FINALITES EXPLICITES ET INTENTIONNELLES DISTINGUER LES ANIMAUX

    Surtout, on l’a vu, dans les divers élevages extensifs, les phanères servent aux humains à décrire, à distinguer, à trier les animaux d’élevage au moyen des couleurs et des particularités de la robe de chacun d’eux. Et si ces caractéristiques ne sont pas assez variées, comme ce peut être le cas parmi les animaux d’une même race, les éleveurs peuvent leur ajouter d’autres signes d’identification qui permettront de repérer rapidement, notamment au sein d’un troupeau collectif, les animaux des différents propriétaires, ceux en âge d’être vendus pour la boucherie, etc. Ces moyens d’identification des animaux par leurs phanères – sous forme de marques temporaires ou pérennes, de tonte ou de teinture partielle, de scarifications, de tatouages ou de marquages au fer rouge, etc. – représentent un corpus d’une ampleur et d’une variété remarquables (Sanchez Belda, 1981 ; Evans Pim, Yatsenko et Perrin, 2010).

    Cette importance accordée aux phanères dans différents types d’élevage explique pourquoi ceux‑ci sont l’objet d’une attention et de soins particuliers où, aux simples exigences techniques d’entretien et de protection des animaux – pansage et ferrure des chevaux, toilettage des animaux de compagnie… –, se superposent parfois des dimensions affectives (Tourre‑Malen, 2003), des préoccupations esthétiques – tonsure des races bovines laitières vs « dépeignage » des races bovines à viande, rusticité du « poil dur » de certaines races de chiens vs délicatesse et luxuriance de la fourrure du chat persan – ou même des intentions religieuses – dans la Grèce ancienne, couper les poils d’un animal destiné à être sacrifié constituait un premier rite de purification (L’Iliade, chant III[1]).

    Chat persan
    [Exposition féline salle Wagram organisée par Mme Marcelle Adam présidente du Cat Club de France,]
    persan bleu de Mlle Marcelle Brégy, de la Porte St Martin.
    Photographie de presse Agence Rol. BnF Gallica

    Séparés du corps des animaux, les phanères servent aussi, bien sûr, à la fabrication d’un grand nombre d’objets utiles aux humains, notamment pour leur habitation (tentes en poil de chèvre tissé, yourtes en feutre) et leur habillement (capes de bergers et chapeaux en feutre, vêtements en laine et en fourrure, chaussures en cuir), ainsi que pour d’autres usages (outres en peau, manches de couteaux en corne), etc.

    Plus marginale mais non moins significative est l’utilisation de phanères animaux comme compléments ou substituts de phanères humains, à des fins de parure ou de modification du corps humain : griffe de grand félin ou dent de requin‑tigre montée et portée en sautoir par les « càcous » marseillais (Gasquet‑Cyrus, 2016, 194), symétriques masculins des « cagoles » (Tourre‑Malen, à paraître), défense de porc sauvage traversant la cloison nasale chez les Baruyas de la Nouvelle‑Guinée (fig. 9), bague de peau hérissée de poils dont certains aborigènes d’Australie se ceignent le pénis (Bonnard et Schouman, 2000)…

    Parure de nez en défenses de porc sauvage chez les Baruya, Nouvelle‑Guinée
    (Godelier, 1982)

    DETERMINANTS IMPLICITES DISTINGUER LES HUMAINS PAR LES PHANERES ANIMAUX

    La tendance de certains humains à s’identifier à leurs animaux est connue : « tel chien, tel maître », le bichon pour la dame âgée, le labrador pour le cadre aisé, le pitbull pour la « caillera » de banlieue… (Digard, 2005, 135‑138). Cette identification concerne aussi les chevaux : modèle rond du bourgeois, pur‑sang élancé de l’aristocrate au XIXe siècle (Lizet, 1989, 114‑124). En raison de leur visibilité immédiate, les phanères et notamment les couleurs de robe figurent au premier rang des marqueurs sociaux mais aussi régionaux. Souvenons‑nous du cheval de trait noir du Limousin vs le percheron gris, les bovins noirs et les chevaux gris de la Camargue vs les bovins gris et chevaux bais‑bruns de la Maremma, etc.

    Instrument de distinction des humains, les phanères animaux peuvent aussi servir à leur stigmatisation : comment ne pas se souvenir ici des plumes collées au goudron sur le corps des tricheurs en Angleterre puis aux États‑Unis jusqu’au début du XXe siècle ?

    CONTROVERSES

    On l’aura compris, l’ethnophanérologie animale représente un champ d’investigation immense et fertile, notamment pour l’étude des relations complexes entre humains et animaux, dont on n’a pu ici qu’effleurer les aspects les plus saillants.

    Pour conclure, revenons sur certaines ambivalences rencontrées en cours de route et s’interroger sur les controverses qu’il leur arrive de susciter.

    En particulier, on n’aura pas manqué de relever, pour certaines pratiques, des juxtapositions de justifications multiples, les unes explicites, les autres implicites, parfois divergentes voire contradictoires.

    Arrêtons‑nous sur un premier exemple bien documenté : celui de l’écourtage (ou courtaudage) de la queue des chevaux de trait (Lizet, 1991). Cette pratique, encore fréquente en France il n’y a pas si longtemps, alimentait un débat, aux enjeux commerciaux non négligeables, entre les éleveurs français et certains de leurs clients étrangers qui refusaient l’écourtage. Les Français justifiaient cette pratique en invoquant des arguments de propreté (les queues écourtées ne ramassent pas la boue et la poussière des chemins) et de sécurité (puisqu’ils sont coupés, les crins ne risquent pas de se prendre dans les harnais ou de cingler le visage des charretiers et des palefreniers). Mais il y avait d’autres explications, celles‑là plus ou moins implicites : la queue coupée distingue les chevaux de trait, dont elle souligne la masse musculaire, des chevaux de selle ou, en Espagne, les raca, chevaux de doma vaquera, travail du bétail au campo, des autres chevaux de selle, de maître et/ou de loisir. Les détracteurs de la caudectomie, en revanche, jugeaient cette pratique doublement cruelle, d’abord en elle‑même (la caudectomie comme celle montrée sur la figure 11 ne consiste pas seulement à couper les crins de la queue, mais impose également l’ablation des dernières vertèbres coccygiennes), ensuite parce qu’elle prive les chevaux d’un chasse‑mouche naturel ; certains appréciaient aussi, mais sans toujours oser le dire, que la queue longue dissimule la vulve des juments…

    Figure 1. Le Blond A., Lucas A., (1899), Du tatouage chez les prostituées, Paris : Société d’éditions scientifiques, p. 60,
    Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art (8 — Tc51‑66).

    Autre sujet de controverse, autrement plus brûlant : la fourrure (Rougeot, 1990 ; Konopnicki, 1995). Son usage vestimentaire, sous forme de coiffures, vestes, gants, bottes, est généralisé – et aisément compréhensible – chez les populations de l’Arctique : fourrure de phoque chez les Inuits, de renne domestique, de loup, d’ours et de divers autres gibiers dans l’extrême nord de l’Europe et de l’Asie (fig. 12). Mais les conditions climatiques suffisent‑elles à expliquer le goût des humains pour la fourrure ? Non, puisque les manteaux, toques et étoles en fourrure d’astrakan, de vison ou de renard sont également prisés des femmes occidentales qui ont les moyens de se les offrir, les motivations relevant plutôt ici de l’élégance ostentatoire. Faute donc, ici, de justifications thermiques, cet engouement suscite l’ire des militants animalistes qui dénoncent les souffrances infligées aux animaux à fourrure, surtout lorsqu’il s’agit d’animaux élevés à cette fin comme les visons ou les renards (principal producteur de fourrure, l’Union Européenne compterait quelque 5000 élevages de ce type, suivi par les États‑Unis d’Amérique ; après avoir stagné à la fin du XXe siècle, la demande de fourrure est repartie à la hausse au XXIe siècle du fait de l’élévation du niveau de vie dans les pays émergents comme la Chine).

    Comme les deux exemples qui viennent d’être évoqués, après d’autres, le montrent, les utilisations et les représentations humaines des phanères animaux relèvent de logiques tantôt intentionnelles et explicites, tantôt implicites, en tout cas différentes, voire antagonistes. Même si c’est là le lot commun de beaucoup d’activités humaines, ces clivages sont sans aucun doute exacerbés par la mise en cause d’animaux, êtres animés et sensibles auxquels les humains ont parfois tendance à s’identifier. Et ces troublantes ambigüités ne sont pas le moindre intérêt de cette ethnophanérologie animale.

    Vêtements en fourrure
    Extrait d’une planche du Larousse universel en 2 volumes, Tome 1, 1922, 916. BnF/Gallica

    POST SCRIPTUM

    L’auteur adresse ses plus vifs remerciements à Christian Bromberger, professeur émérite à Aix‑Marseille Université, et à Catherine Tourre‑Malen, maître de conférences à l’Université Paris Est‑Créteil, pour leurs lectures enrichissantes d’une première version de cet article, ainsi qu’à Brigitte Laude, directrice de la bibliothèque de l’École nationale vétérinaire d’Alfort, pour ses judicieuses suggestions d’illustrations.

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    [1]. Cité par Chevalier et Gheerbrant, 1982, 769.