Loin de renvoyer le métier d’esthéticienne à une dimension superficielle, ce numéro entend souligner la profondeur des pratiques professionnelles que sous-tend l’exercice des soins esthétiques. Une perspective pluridisciplinaire permettra d’interroger les mutations d’un métier et de ses représentations, aussi bien dans le temps, dans les médias que dans ses pratiques effectives et ses gestes techniques. Ces mutations seront mises en lumière grâce à la notion de “frontière” dans sa dimension dynamique. Plus qu’une barrière immuable, la frontière est considérée ici telle une interface renvoyant à l’idée de passage. La peau est le support principal d’exercice des esthéticiennes, elle est aussi la frontière de notre corps. L’épiderme est à la fois la limite et le point de contact de notre corps avec l’extérieur. La peau, comme le métier d’esthéticienne, met en dialogue la surface et la profondeur, le superficiel et le sérieux, le corps et l’esprit, la beauté et la réparation, l’apparence et la santé, l’artificialité et la complexité, etc. Plus que des oppositions, nous abordons ces notions sous un angle dialectique afin de les concevoir comme des points d’articulation. L’espace de travail des esthéticiennes étudié redessine en permanence les frontières entre ces dualités dont les limites sont en constante redéfinition.

Articulé autour de trois axes, cet appel est ouvert à l’ensemble des sciences humaines et sociales. L’approche pluridisciplinaire étant considérée comme la plus apte à rendre compte des porosités entre les différentes sphères du métier d’esthéticienne.

Guylaine GUERAUD-PINET et Marie-Laure GUILLAND, coordinatrices du numéro thématique.