Numero 3. (Peau)lluant. Les toxiques à notre contact

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  • Description

    La présence de polluants, visibles ou non, aujourd’hui est devenue une question cruciale en termes de santé publique, et plus largement, de « catastrophes écologiques » (Denhez, 2005). Chaque semaine, la médiatisation d’un scandale de ce type éclabousse tel ou tel pays. L’année 2018 est d’ores et déjà marquée par les scandales de la chlordécone aux Antilles, des fongicides SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase) et notamment de la boscaline, etc.

    Ils se retrouvent dans l’eau, l’air, les aliments et bien d’autres produits auxquels les êtres humains sont confrontés chaque jour (Testud, 2012 ; Marano, Barouki, Zmirou, 2015). Les produits pharmaceutiques, cosmétiques ou para cosmétiques ne sont pas en reste.

    Même si au cours des cinq dernières années, les retraits du marché en la matière pour cause de toxicité ne touchent qu’un nombre limité de produits (quelques dizaines) et majoritairement des produits éclaircissants contenant des corticoïdes ou de l’hydroquinone, bien d’autres nuisances sont sous‑tendues par leur emploi dont nombreuses substances allergisantes (comme la Méthylisothiazolinone), voire cancérigènes comme certaines nitrosamines, psoralène (Autier 1997, Cesarini 2008…). Les techniques et les ingrédients qu’elles nécessitent ou les composés qu’elles induisent impliquent un regard attentif sur la sécurité de tels usages soit une cosmétovigilance sérieuse. Celle‑ci devant s’exercer de la cosmétologie traditionnelle aux cosmétotextiles en passant par l’onglerie, les bars à sourire, le tatouage/détatouage, le maquillage permanent, le piercing, les cabines de bronzage UVA et B.

    L’expression « composants indésirables » est révélatrice de l’ampleur même des craintes, qui vont bien au-delà des toxiques répertoriés comme tels. En ce sens, les polluants constituent des acteurs incontournables du monde contemporain. Qu’en est-il lorsque nous scrutons spécifiquement la peau et le système pileux, humain ou non ? Faut‑il craindre le pire ou maitriser des problèmes posés comme le soulignent deux éminentes spécialistes (Céline Couteau et Laurence Coiffard), les deux chapitres de l’enquête historique d’Alison Matthews David précisent l’étendue de l’usage de pigments et de produits nocifs pour les ouvriers et ouvrières, les employés du textile et bien sûr les consommateurs et consommatrices de ces parures vestimentaires. La réflexion de Ronald E. Hall contribue à alimenter le débat scientifique concernant les couleurs de la peau humaine. Ce numéro vise à éclairer cette part de la réalité historique récente et de la réalité contemporaine.

    Ivan Ricordel, coordinateur du numéro