Les progrès technologiques en dermatologie et leur médiatisation suscitent des demandes de plus en plus fréquentes d’effacement des cicatrices. L’offre crée la demande, suscite des espoirs, des attentes chez des patients qui ont une véritable souffrance liée à des traces cutanées d’origines diverses.
Les techniques d’effacement des cicatrices sont assez invasives ; elles reposent sur des soins répétés par laser, parfois onéreux, relativement douloureux avec, dans un premier temps, des suites affichantes. Les indications doivent être bien posées et les actes réalisés par des opérateurs entraînés. Le risque d’aggravation de l’état global du patient doit toujours rester présent à l’esprit.
Les demandes d’effacement intéressent plusieurs sortes de cicatrices comme les cicatrices post–chirurgicales, les cicatrices post-traumatiques, les cicatrices d’acné, les cicatrices auto-provoquées (excoriations, scarifications, automutilations)…
Dans notre pratique, les demandes les plus fréquentes et les plus pressantes concernent essentiellement les cicatrices de lésions auto-infligées et celles liées à l’intervention de tiers vécues alors comme infligées. Dans ces dernières le patient a été victime d’une agression, d’un traumatisme accidentel ou se considère victime d’un aléa thérapeutique… Dans les lésions auto-infligées on peut penser que, même si le patient les a lui-même provoquées, il était en quelque sorte victime, mais alors de lui-même, du fait du caractère irrépressible, parfois compulsif de ses conduites.
Dans les deux cas ces demandes sont associées à une forte souffrance.
Les patients qui arrivent en consultation se sont renseignés sur les techniques par différents canaux d’information (médecine, media, blogs d’usagers…). Ils s’adressent à des médecins référencés pour ces pratiques spécifiques.
Tout médecin a une idée de son rôle ; pour lui, il est naturel de répondre à la demande des patients pour tenter de soulager leur souffrance. Ceci renvoie à la notion de fonction apostolique du médecin développée par Michaël BALINT : « comme si chaque médecin possédait la connaissance révélée de ce que les patients sont en droit ou non d’espérer ».
Chez ces patients la demande est pressante, voire impérieuse. Cette forte pression risque de faire perdre au médecin le recul nécessaire dans la pose des indications. Il peut être alors instrumentalisé et se montrer parfois plus interventionniste. Le risque est celui de l’aggravation des lésions cutanées, et de l’aggravation de la détresse psychique des patients.