Référence électronique
Kourdi S., (2024), « La momification dans l’Égypte antique. Conserver la peau au‑delà de la mort », La Peaulogie 11, mis en ligne le 28 octobre 2024, [En ligne] URL : https://lapeaulogie.fr/momification-egypte-conserver-peau
Sarah KOURDI
Docteure en Histoire de l’Art et Archéologie, Ausonius (UMR56047).
Référence électronique
Kourdi S., (2024), « La momification dans l’Égypte antique. Conserver la peau au‑delà de la mort », La Peaulogie 11, mis en ligne le 28 octobre 2024, [En ligne] URL : https://lapeaulogie.fr/momification-egypte-conserver-peau
Résumé
Conserver le corps après la mort fait partie intégrante des croyances de l’ancienne Égypte selon lesquelles l’âme peut accéder à l’au-delà si la dépouille est intacte. Les pratiques d’embaumement élaborées et perfectionnées permettent ainsi de préserver le corps, la peau ainsi que le visage du défunt, déjouant les affres du temps et les processus de putréfaction comme en témoignent les momies qui nous sont parvenues. Les dépouilles momifiées accèdent ainsi à l’éternité, échappant au pourrissement que la mort inflige aux corps dont la putréfaction semble inéluctable. La conservation de la peau dans son ensemble et plus précisément au niveau du visage, assure une renaissance au défunt, dont la dépouille devient le réceptacle à la fois des croyances qui assurent une autre vie dans l’au-delà mais également pour l’âme puisque celle-ci ne peut survivre sans le corps. Les nombreux traitements infligés au cadavre témoignent d’une volonté certaine de conserver la peau ainsi que les tissus intérieurs et malgré un dessèchement inévitable, les embaumeurs usent de nombreux artifices pour perpétuer une apparence naturaliste, destinée à assurer la survie de l’individu.
Mots-clés
Momie, Embaumement, Ancienne Égypte, Osiris, Bitume
Abstract
Preserving the body after death is an integral part of the prevailing ancient Egyptian beliefs that the soul can access the afterlife if the remains are intact. The elaborate and perfected embalming practices thus make it possible to preserve the body, the skin as well as the face of the deceased, thwarting the pangs of time and the processes of putrefaction, as evidenced by the mummies that have come down to us. The mummified remains thus gain access to eternity, escaping the rotting that death inflicts on bodies whose putrefaction seems inevitable. The conservation of the skin as a whole and more precisely at the level of the face, ensures a rebirth to the deceased, whose remains become the receptacle both of the beliefs which ensure another life in the afterlife but also for the soul. since it cannot survive without the body. The many treatments inflicted on the corpse testify to a certain desire to preserve the skin as well as the interior tissues and despite inevitable drying out, the embalmers use many artifices to perpetuate a naturalistic appearance, intended to ensure the survival of the individual.
Keywords
Mummy, Embalming, Ancient Egypt, Osiris, Bitumen
Si depuis toujours la mort fascine les vivants au même titre qu’elle les effraie, cette préoccupation autour de la mort est caractéristique de plusieurs cultures et civilisations du passé, notamment en ancienne Égypte. La simple évocation de cette contrée renvoie aussitôt aux momies et aux nombreuses productions artistiques liées au contexte funéraire. À travers des pratiques funéraires parachevées, la civilisation égyptienne se démarque assurément des autres cultures antiques par une importance accordée au corps. Car c’est bien à travers la mort que la vie des Anciens Égyptiens est la mieux connue, grâce aux nombreux artefacts qui nous sont parvenus et qui attestent du soin particulier accordé aux défunts. Ils reflètent la force des croyances égyptiennes qui prévalaient l’existence d’une autre vie après la mort, comme le relate l’historien grec Hérodote dans ses écrits, déjà au Ve siècle avant notre ère.
L’embaumement et la momification témoignent également d’une réelle préoccupation du devenir de la dépouille, du corps sans vie et inanimé [sans âme] comme le définit Ph. Di Folco (2010, 169) dans son Dictionnaire de la Mort : « le cadavre est cette chose inanimée dont la vie s’est détachée ». Certes la vie s’en est allée, or les croyances religieuses de l’ancienne Égypte attestent que l’âme du défunt, elle, est éternelle et peut accéder à l’au‑delà, aux côtés des dieux. Ces croyances conditionnent véritablement des pratiques d’embaumement qui vont progressivement être élaborées dans le but de préserver la dépouille ainsi que son apparence. La confection d’une momie, définie comme « un corps mort dans lequel le processus de putréfaction est ralenti ou stoppé de manière naturelle ou artificielle » (Di Folco, 2010, 689), conserve pour l’éternité la dépouille du défunt, devenue le réceptacle éternel et matériel du caractère éphémère de la vie.
La momification s’est complexifiée durant les siècles de la période pharaonique dans le but de conserver le corps dans son ensemble, et ce de la manière la plus complète : en conservant la peau, les cheveux, les ongles et autres phanères. Les prêtres‑embaumeurs, en charge de cette tâche délicate, préparent le corps à affronter l’éternité, et leurs interventions se distinguent par les différents procédés utilisés afin d’empêcher la putréfaction du corps, le pourrissement des chairs et des organes. Cette volonté de conserver la peau est liée aux croyances religieuses de l’ancienne Égypte et se traduit par une volonté de conserver à la fois les volumes du corps mais également les traits du visage puisque la dépouille est considérée comme le réceptacle de l’âme ; grâce à l’embaumement, elle échappe d’une certaine manière à la thanatomorphose, même si le dessèchement de la peau s’avère inéluctable. Nous nous proposerons d’évoquer l’importance des croyances religieuses qui conditionnent cette véritable volonté de conserver à la fois le corps mais également la peau dans son ensemble. Si la promesse d’une vie après la mort dans l’Égypte antique contribue à l’aboutissement des procédés de momification nous traiterons des dérives qui en découlent, comme par exemple la déformation et le changement de l’état de la peau à cause du rembourrage excessif, ainsi que la modification sensible de l’apparence par l’usage du bitume.
Lorsque sont évoquées les croyances de l’ancienne Égypte concernant la vie après la mort et l’accès à l’au‑delà, le récit du dieu Osiris tué par son propre frère Seth est systématiquement relaté. Jaloux de son aîné, le dieu Seth, assimilé aux terres arides du désert égyptien et aux forces du Mal, imagine plusieurs stratagèmes pour tuer son frère afin d’hériter de son pouvoir et des terres fertiles du Nil. Il existe plusieurs récits : l’un d’entre eux rapporte que le dieu maléfique assassine Osiris et enveloppe la dépouille dans une peau de taureau, l’ensemble étant ensuite placé dans le tronc d’un figuier sycomore. Il n’est pas sans dire que cet acte préfigure les rites d’embaumement des Égyptiens qui enveloppent le corps dans un linceul avant de le placer dans un sarcophage, ce dernier étant très majoritairement en bois. Il est rapporté que l’utilisation d’une peau de taureau, animal symbolisant la fertilité[1], ait été utilisé lors de rituels au moment des funérailles. Mais le récit le plus connu, décrit par Plutarque[2], précise que le dieu maléfique découpe son frère en quatorze morceaux et les disperse aux quatre coins de l’Égypte ; sa sœur et épouse Isis, partie à la recherche de son défunt mari, reconstitue sa dépouille, aidée de sa sœur Nephtys. Avec le dieu Anubis, divinité de l’embaumement, les morceaux sont emmaillotés afin de redonner forme au corps d’Osiris : la première momie était créée. Isis la magicienne redonne vie à son époux qui devient alors le dieu des morts et de l’au‑delà. Osiris est d’ailleurs représenté comme tel, sous l’apparence d’un dieu au corps momifié dans un linceul d’un blanc immaculé, et sa peau est peinte d’une couleur verte qui renvoie à la végétation qui verdit chaque année et renaît à la manière de la divinité. De plus, cette couleur marque visuellement le fait que le dieu règne sur le monde des morts et non des vivants.
Ce récit est véritablement fondateur puisqu’il relate la renaissance d’Osiris et symbolise la résurrection possible du défunt qui peut revivre dans l’au‑delà. Osiris symbolise tout ce qui naît et renaît, tels les morts naissant une seconde fois (Flusin‑Gerber, 2010, 20). La momification chez les Égyptiens est mentionnée par de nombreux auteurs classiques, soulignant tantôt la fascination tantôt le dédain pour un tel culte des morts dans l’Antiquité. Mais ces pratiques d’embaumement, perfectionnées au fil des siècles, traduit inévitablement un espoir certain que la mort n’est pas une fin mais seulement un passage, assurant au défunt de revivre une deuxième vie.
Outre des croyances religieuses prépondérantes et particulières ferventes en ancienne Égypte, il est indéniable que le phénomène de momies spontanées, possible grâce au climat sec et aride du désert, ait conforté les Anciens dans ces croyances et encouragé une pratique d’embaumement destinée à conserver les dépouilles. En effet, aux prémices de la civilisation égyptienne, les dépouilles étaient seulement déposées dans une fosse de faible profondeur creusée à même le sable. Ces inhumations sommaires sont attestées dès le Néolithique, au début du Ve millénaire av. J.‑C. (Dunand et Lichtenberg, 1998, 16‑19). Les corps étaient placés en position fœtale[3] (Dunand et Lichtenberg, 1998, 27) (aussi appelée position contractée) et seulement « enveloppés de peaux, ou de vannerie » (Dunand et Lichtenberg, 1998, 16‑19. Cette précision est intéressante car elle fait référence à la peau de taureau utilisée pour transporter la dépouille d’Osiris. Il s’avère que les conditions climatiques particulières du désert égyptien ainsi que le sable ont permis une dessiccation progressive des cadavres, c’est‑à‑dire un dessèchement de l’ensemble des organes, permettant une conservation sommaire des chairs sur le squelette. Selon F. Biotti‑Mache (213 , 20), « la dessiccation, en faisant disparaître les 75% d’eau contenus dans le corps, fait fondre l’adipocire, empêche les bactéries, la moisissure de se développer et arrête le processus de corruption des chairs ». Ainsi, les premiers corps découverts en Égypte résultent d’une momification naturelle voire accidentelle, aussi appelés momies spontanées puisque la conservation s’est faite naturellement et non par l’action de l’Homme. L’exemple le plus pertinent et le plus connu est la dépouille d’un homme appelée Ginger, dont la momie serait datée vers 3200 av. J.‑C.[4] Nous pouvons deviner la stupeur ressentie face à ces corps lorsque, au cours d’une tempête de sable, ils semblaient surgir du monde des morts, et dans un tel état de conservation. C’est peut‑être là qu’il faut trouver une des explications au grand soin accordé aux défunts par les Égyptiens, ainsi persuadés de détenir la preuve de l’existence de l’au‑delà et la confirmation de l’ensemble de leurs croyances.
Préserver les corps devint alors essentiel, la conservation de la dépouille étant alors l’une des conditions permettant l’accès à l’au‑delà. La préparation des dépouilles a évolué progressivement sur plusieurs siècles, allant du simple emmaillotage dans des linceuls enduits de résine jusqu’à une momification complexe et aboutie. À travers leurs expérimentations, les thanatopraticiens de l’Égypte antique comprirent que la putréfaction des chairs et des organes empêchait la bonne conservation du corps, car les os, imputrescibles, n’étaient pas concernés par ce phénomène naturel. Ainsi, des pratiques telles que la trépanation ou l’éviscération ont été expérimentées toujours dans le but de répondre aux croyances religieuses et spirituelles. Nous pouvons tenter de résumer ces pratiques en décrivant la momification la plus aboutie[5] grâce au texte de l’historien grec Hérodote[6] qui nous est parvenu. Il convient de préciser que chaque étape de la momification était accompagnée de rites, incantations et prières, destinées essentiellement à Anubis, divinité de l’embaumement qui présidait à la préparation longue et complexe du corps destiné à affronter l’éternité.
« Quand on leur apporte un mort, ils [les prêtres embaumeurs] montrent à leurs clients des maquettes de cadavres, en bois, peintes avec une exactitude minutieuse. Le modèle le plus soigné représente, disent‑ils celui dont je croirais sacrilège de prononcer le nom de pareille matière [Osiris] ; […] voici comment ils procèdent à l’embaumement le plus soigné : tout d’abord à l’aide d’un crochet de fer ils retirent le cerveau par les narines ; ils en extraient une partie par ce moyen, et le reste en injectant certaines drogues dans le crâne ».
(Hérodote, l’Enquête, livre II, 86‑88, traduction d’A. Barguet, 1964)
Dès le Nouvel Empire (1580‑1080 av. J.‑C.), le cerveau était retiré, la plupart du temps par le nez[7] à l’aide d’un crochet recourbé bien spécifique.
« Puis avec une lame tranchante en pierre d’Éthiopie [silex], ils font une incision le long du flanc, retirent tous les viscères[8], nettoient l’abdomen et le purifient avec du vin de palmier et de nouveau avec des aromates broyés ».
(Hérodote, l’Enquête, livre II, 86‑88, traduction d’A. Barguet, 1964)
Notons qu’il existe des variantes à l’éviscération en fonction des conditions sociales notamment, où les organes étaient seulement dissous à l’aide d’une substance corrosive – de l’« huile extrait du cèdre » selon Hérodote – qui est injectée dans le corps, le plus souvent par voie anale.
« Ensuite, ils [les prêtres‑embaumeurs] remplissent le ventre de myrrhe pure broyée, de cannelle, et de toutes les substances aromatiques qu’ils connaissent, sauf l’encens, et le recousent. Après quoi, ils salent le corps en le couvrant de natron pendant soixante‑dix jours ; ce temps ne doit pas être dépassé. Les soixante‑dix jours écoulés, ils lavent le corps et l’enveloppent tout entier de bandes découpées dans un tissu de lin très fin et enduites de la gomme dont les Égyptiens se servent d’ordinaire au lieu de colle ».
(Hérodote, I’Enquête, livre II, 86‑88, traduction d’A. Barguet, 1964)
Après le bain de natron, l’abdomen est rembourré avec des toiles de lin, de la sciure de bois[9] et des plantes aromatiques (dont la myrrhe) dans le but de lui redonner une apparence moins desséchée avant de le recouvrir de bandelettes. Notons également que chaque étape de l’embaumement était accompagnée de prières et de rites, placée sous l’égide du dieu Anubis qui préside la momification dans sa totalité. Ainsi, les prêtres embaumeurs portaient un masque à l’effigie de la divinité et étaient accompagnés par « des prêtres‑lecteurs (« khereb ») [qui] lisaient des formules incantatoires du Livre des Morts » (Biotti‑Mache, 2013, 24). Parmi les textes qui nous sont parvenus, citons le chapitre XVV du Livre des Morts qui s’avère explicite puisqu’il est intitulé « pour empêcher la décomposition du corps dans le monde inférieur » :
« O toi, immobile et inerte comme Osiris,
Toi, inerte et immobile comme Osiris dont les membres sont figés,
Sors de son immobilité, afin que tes membres ne pourrissent pas !
Qu’ils ne se séparent pas De ton Corps et ne t’abandonnent pas !
Que mon Corps ne pourrisse pas !
Car je suis Osiris… »
(trad. Grégoire Kolpaktchy, éd. 2022)
Enfin, le rite du bandelettage est particulièrement important à la fois pour la préservation du corps mais surtout pour la conservation de l’apparence. Le corps desséché était enroulé dans plusieurs centaines de mètres de bandelettes (Biotti‑Mache, 2013, 29‑30) : si plusieurs momies ont été débandelettées, celle du dignitaire Wah (XIe dynastie) est un exemple révélateur de la quantité de tissus nécessaire puisque la dépouille possédait pas moins de 375 m² de lin au total (Dunand et Lichtenberg, 1998, 42). Les prêtres embaumeurs recouvraient le corps d’un suaire (Bergé, 2015, 23 ; Dunand et Lichtenberg, 1998, 129) avant de procéder au bandelettage en tant que tel ; ils débutaient par « un premier enroulement de bandes de lin fin autour des doigts et des orteils » (Dunand et Lichtenberg, 1998, 129), puis recouvraient la tête (Biotti‑Mache, 2013, 29‑30), « emmaillotée à partir de l’épaule droite » (Dunand et Lichtenberg, 1998, 129) et enfin tout le corps jusqu’aux jambes. Les tissus, d’une largeur variable, étaient imprégnés de résine qui servait à les maintenir (Biotti‑Mache, 2013, 29‑30 ; Dunand et Lichtenberg, 1998, 130) et entre chaque épaisseur étaient glissées des amulettes destinées à protéger le défunt. Ces tissus pouvaient être de différentes natures : ils étaient en général fournis par la famille du défunt si bien que les plus démunis « conservaient, toute leur vie, tous les vieux vêtements, le moindre bout de tissu pour pallier au prix des étoffes neuves[10] » (Biotti‑Mache, 2013, 29‑30). Les bandelettes qui recouvrent le corps deviennent alors une seconde peau et ces tissus, imprégnées de résine, durcissent, formant une véritable enveloppe qui conserve l’ultime relief de la dépouille. Notons que les bandelettes sont savamment disposées selon un enchevêtrement régulier et esthétique, comme nous pouvons l’observer sur plusieurs momies de la période pharaonique : la momie de Pachéry conservée au musée du Louvre (Paris, N2627) présente un enroulement soigné et précis, notamment au niveau de la tête. De plus, A.‑P. Leca précise que c’est au nombre de sept que « se chevauchaient les suaires, les bandelettes et les amulettes » (Leca, 1977, 66) puisque ce chiffre avait une symbolique magique dans l’Egypte antique. Enfin, la disposition délicate des bandelettes se poursuit jusqu’à la période romaine puisque nous observons sur de nombreuses dépouilles, notamment celles retrouvées dans les nécropoles du Fayoum, un motif rhomboïdal caractéristique puisque les bandelettes s’entrecroisent pour former des losanges. Si E. Doxiadis évoque « les centaines de mètres de bandelettes, de la plus grande qualité, [qui] se superposent pour former un motif rhomboïdal » (Doxiadis, 1995, 50), cet enchevêtrement de tissus est souvent décrit comme étant d’une « remarquable qualité esthétique » (Dunand et Lichtenberg, 1998, 129).
Ces pratiques funéraires soignées sont à mettre en relation avec les croyances religieuses qui expliquent une telle volonté de conserver le corps pour l’éternité : dans l’ancienne Égypte, la dépouille djet servait de réceptacle aux trois éléments constitutifs que sont le kâ, le bâ et l’akh. Ces éléments sont les trois principes vitaux d’un individu et doivent perdurer afin que le défunt puisse accéder à l’éternité et renaître dans l’au‑delà, à l’image du dieu Osiris. Premier élément, le kâ[11], censé être le double du corps, est emprisonné dans le cœur du défunt : sa survie est donc conditionnée par la conservation même du corps dans lequel il demeure ; il a d’ailleurs les mêmes besoins que l’individu vivant : nourriture, boisson, etc. d’où la nécessité d’offrandes déposées dans la tombe. Le bâ est l’équivalent de l’âme et peut se déplacer librement du monde des vivants au monde des morts, même si le corps reste un réceptacle, c’est pourquoi il est représenté sous la forme d’oiseau à tête humaine. Enfin, l’akh[12], notion plus abstraite, est considérée comme un principe immortel qui accède à l’au‑delà et rejoint les dieux.
Par les croyances et l’élaboration progressive des pratiques de momification, l’idée que la dépouille conserve une apparence humaine s’avère primordiale. À travers la conservation de l’apparence humaine, nous pouvons ajouter que la conservation de la peau est toute aussi importante puisque cette fine pellicule recouvrant les os et les muscles différencie véritablement une momie d’un simple squelette. Ainsi, l’étude des nombreuses momies qui nous sont parvenues permet de mieux comprendre l’évolution de la peau à travers le temps et ses différents traitements. Une fois le corps lavé avec de « l’eau mêlée de natron » (Bergé, 2015, 25.), le corps est entièrement rasé et épilé afin de « lui rendre l’apparence de la jeunesse » (Bergé, 2015). L’éviscération se fait par une incision d’une dizaine de centimètres sur le flanc gauche, d’abord pratiquée à la verticale avant le règne de Thoutmosis III (Dunand et Lichtenberg, 1998, 127.) (1458‑1425 av. J.‑C.) puis le long de l’aine. Cette ouverture était réalisée par le parachiste[13] à l’aide de la « pierre d’Éthiopie » mentionnée par Hérodote, c’est‑à‑dire « une lame tranchante en obsidienne ou en silex, puis en bronze et en fer » (Biotti‑Mache, 2013, 26). Plusieurs exemplaires de ces couteaux nous sont parvenus, comme c’est le cas d’un couteau nécrotome en bronze conservé au musée du Louvre (Paris, inv. N2127b). Comme nous l’avons évoqué précédemment, la dépouille était placée dans un bain de natron, permettant d’assécher les graisses et d’éliminer les fluides encore présents. Cependant, le corps était rembourré de tampons provisoires (Dunand et Lichtenberg, 1998, 128) pendant cette dessication au bain de natron, afin que la dépouille conserve tout de même un certain volume. L’incision pratiquée sur le flanc gauche était ensuite recouverte d’une plaque communément appelée plaque de flanc : celle‑ci, en résine, en cire ou en métal (or voire électrum[14]) (Dunand et Lichtenberg, 1998), était ornée d’un œil oudjat, symbole apotropaïque. Après le bain de natron, le cadavre était à nouveau rembourré, dans le but de redonner une forme disons charnue à un corps qui, une fois desséché, était devenu rigide, bruni et amaigri. Ce rembourrage est attesté dès le Nouvel Empire et l’intérieur du corps était rempli de lin trempé dans de la résine, de sciure de bois voire de paille, ou encore de sable[15] qui pouvait être mêlé de terre ou de natron. De plus, F. Biotti‑Mache (2013, 28) précise que furent également retrouvés, « dans les momies pauvres, des ostracons, de l’argile et des chiffons ». L’adjonction de baumes et autres matières résineuses parfumées était également très fréquent, notamment pour « conserver l’élasticité des tissus » (Di Folco, 2010, 381‑382) devenus fins et cassants après cet assèchement de plusieurs jours lors du bain de natron. Il s’agit alors d’un véritable empaillage, opération nécessaire puisque l’abdomen étant débarrassé de la plupart des viscères (notamment les intestins), la peau se rétracte et s’affaisse drastiquement au niveau du ventre, tel que nous pouvons le voir sur plusieurs momies débarrassées de leurs bandelettes. Si cette étape s’avère indispensable pour que le corps retrouve un certain volume naturaliste, il n’en demeure pas moins qu’elle est aussi très délicate puisque la peau, fine et fragile, peut se déchirer si le rembourrage est exagéré, malgré l’onction de la dépouille avec des baumes et des huiles. C’est notamment le cas au niveau du visage, sur lequel la peau est plus fine : sur les momies ayant été débandelettées, nous pouvons observer que la peau s’est fortement affaissée au niveau des joues, provoquant un creusement très prononcé sous l’os zygomatique, alors particulièrement saillant. Cela est observable par exemple sur la momie du pharaon Ramsès II (fig. 1).
Momie de Ramsès II
XIXe dynastie – Nouvel Empire
Découverte à Deir el-Bahari
Le Caire, musée égyptien
Catalogue général du musée du Caire « The Royal Mummies », E. Smith, 1912
À noter que le nez du pharaon de la XIXe dynastie a été rembourré avec des grains de poivre[16] mis en évidence lors de la radiographie de la dépouille. La présence des grains de poivre dans les narines s’explique très certainement par une volonté d’empêcher que le septum ne s’affaisse. Le rembourrage permettait donc de contrer cet affaissement et de redonner un aspect plus naturaliste au visage et aussi au corps. F. Dunand et R. Lichtenberg précisent que les « orifices naturels, narines, bouche, étaient souvent obturés par des tampons de lin ou par des lames de résine » (Dunand et Lichtenberg, 1998, 129). Les tissus utilisés pour ce rembourrage pouvaient être des étoffes de vêtements, souvent à l’état de fragments, mais également des tissus d’ameublement ou encore des « étoffes sacrées qui appartenaient aux prêtres » (Bergé, 2015, 22). L’étude d’une momie anonyme du Musée Guimet d’Histoire Naturelle de Lyon a livré des informations complémentaires concernant les tissus utilisés pour le rembourrage : sur la dépouille d’un homme âgé d’une quarantaine d’années, les tampons utilisés se sont avérés être les morceaux d’une seule et même pièce de tissu interprétée comme étant la voile d’une barque (Bergé, 2015) en raison des sangles (Schoefer et al., 1987, 77‑80) et du « morceau d’anneau de bois » (Bergé, 2015, 22) encore intacts. Sur cette même momie ont été retrouvés parmi les tampons les fragments d’une tunique courte sans manches, identifiable grâce aux coutures (Schoefer et al., 1987, 80).
Cependant, un rembourrage excessif peut entraîner des déchirures de la peau, et plus précisément au niveau des visages de plusieurs momies qui nous sont parvenues : les exemples illustrant notre propos datent pour la plupart de la Basse Époque ou encore de l’époque romaine, traduisant peut‑être une pratique exagérée destinée à masquer une momification moins soignée. C’est le cas de la dépouille de la reine Henouttaoui (fig. 2), épouse du pharaon Pinedjem Ier (XXIe dynastie), actuellement conservée au musée du Caire. Elle présentait – avant restauration – un visage véritablement bouffi avec des joues exagérément disproportionnées à cause d’un rembourrage excessif ayant déchiré la peau même au niveau des joues. Il en est de même pour la momie de Masaharta, fils de Pinedjem Ier (conservé au musée de la momification de Louxor). Un traitement tout à fait similaire et contemporain est visible, puisque le visage du prince apparaît exagérément bouffi à cause d’un rembourrage excessif, très probablement constitué de toiles de lin imprégnées de résine. Ces toiles sont particulièrement observables sur la tête d’une momie datant de l’époque romaine, sur laquelle des « tampons de lin » viennent combler les narines et également la bouche, déformant ainsi le visage.
Momie de la reine Henouttaoui
XXIe dynastie – Troisième Période Intermédiaire
Découverte à Deir el-Bahari
Le Caire, musée égyptien (inv. CG)
Si la conservation du corps a une grande importance pour les Égyptiens, préserver l’image du défunt est toute aussi primordiale. Une croyance prévalait en effet que le visage – bien plus que le corps – serait la manifestation même de l’individu et la conservation de celui‑ci grâce à une image matérielle lui permettrait d’accéder à l’éternité. C’est la raison pour laquelle la momie était pourvue d’une effigie[17] représentant – de manière symbolique – le visage du défunt, le plus souvent idéalisé. À travers le rembourrage cité précédemment, la conservation du visage était indéniablement l’une des préoccupations des prêtres embaumeurs. Les pratiques témoignent d’ailleurs d’expérimentations multiples et perfectionnées, mises en place dans le but de conserver le visage par‑dessus tout. Parmi les techniques employées, les prêtres embaumeurs ont eu recours à une substance bitumeuse avec laquelle étaient ointes de nombreuses momies, conférant ainsi à l’ensemble de la momie, peau et bandelettes confondues, une teinte noire caractéristique. Ces fameuses « momies noires », particulièrement reconnaissables, ont fait l’objet de nombreuses études scientifiques dans le but de déterminer la nature exacte de la substance employée lors des rites d’embaumement. Si A. Lucas et J. Harris[18] démentent l’emploi de bitume chez les anciens Égyptiens, privilégiant le recours à de nombreuses résines et gommes, les analyses physico‑chimiques, menées dès 1936 par J. Gangl[19] et surtout ces dernières décennies (Connan et al., 1992) révèlent de manière évidente la présence de bitume dans les baumes servant à la momification. En réalité, il s’agit plus exactement d’un mélange complexe de bitume et de poix (Charlier, 2022, 75), avec probablement des résines, qui aurait été utilisé pour la préparation des momies. Aussi appelé asphalte, du lac Asphaltite qui désigne la mer Morte, cette substance fait l’objet d’un commerce intense et lucratif[20], les Égyptiens en importaient effectivement une quantité abondante. Le recours au bitume s’explique par ses propriétés antiseptiques[21], déjà connues dans l’Antiquité, qui, pour la momification assuraient ainsi une bonne conservation de la dépouille. Parmi les auteurs classiques, Pline l’Ancien cite l’emploi du bitume, mélangé à de la poix :
« Il y a encore la pissasphalte, mélange naturel de bitume et de poix qu’on trouve dans le territoire des Apolloniates[22]. […] C’est un très bon remède pour la gale des bestiaux, et pour les blessures que les petits font aux mamelles.
(Histoire Naturelle, XXIV, 15‑16, traduction É. Littré)
Il semble que l’usage du bitume soit attesté depuis le Nouvel Empire[23] et ait été plus fréquent à partir des époques ptolémaïque et lagide. Dans son article publié en 2006, R. Lichtenberg précise qu’à cette période, cette « résine noire » servait à emplir la cavité abdominale afin de l’aseptiser sans nécessairement procéder à une éviscération et/ou une préparation soignées. De toute évidence, l’application d’un baume contenant du bitume selon un pourcentage variable[24] permet une conservation optimale des chairs. L’observation d’un pied de momie égyptienne (fig. 3), datant de la Basse Époque, permet de constater les plis des chairs parfaitement conservés grâce à l’emploi du bitume : les phanères (ongles) sont toujours en place au niveau des orteils qui ont gardé une position naturelle. La dépouille de Padiimenipet (fig. 4) – un homme ayant vécu sous le règne de l’empereur Trajan (IIe siècle de notre ère) – a été entièrement badigeonnée de cette substance bitumineuse ; même si le corps apparaît raidi et amaigri suite à la dessiccation par le bain de natron, le corps est dans un état tout à fait remarquable. La peau est intacte, tout comme les traits du visage ainsi que les oreilles, restées en place, et la chevelure courte. Les muscles du corps sont perceptibles, tels ceux des jambes par exemple. Cependant, l’usage de cette « résine noire » a comme inconvénient majeur de noircir le cadavre, comme le souligne R. Lichtenberg[25], ainsi que les bandelettes qui s’imprègnent de cette substance naturellement noire. Or, il n’est pas certain que l’aspect esthétique ait causé un problème majeur aux yeux des Égyptiens : tout d’abord, le brunissement de la peau après la mort est inéluctable, et ce « quels que soient les traitements appliqués » (Di Folco, 2010, 690), malgré les pratiques perfectionnées de la momification. D’autre part, l’importance symbolique et religieuse liée à la conservation de la dépouille afin que le défunt puisse accéder à l’au‑delà semble supplanter l’inconvénient d’un noircissement davantage prononcé par l’intermédiaire du bitume. Enfin, l’usage d’un baume onéreux, préparé avec du bitume principalement importé de Judée, et mêlé de poix et d’autres substances (cires ou encore résines) résulte d’un emploi délibéré. Il apparaît nettement que les propriétés antiseptiques du bitume aient été privilégiées par rapport à l’aspect purement esthétique. Le noir n’a pas une symbolique négative dans l’ancienne Égypte puisque cette teinte fait référence à la terre lourde et épaisse, au limon fertile et ainsi à la fécondité : le noir, désigné sous le terme kem, incarne le principe de renaissance et de régénération. J. Connan (1991, 1504) souligne d’ailleurs que « le dieu Min, vénéré à Koptos comme dieu de la fécondité, était badigeonné d’un mélange de résine et de bitume ». Enfin, la renaissance de la végétation grâce à une terre riche, appelée kemet par les Anciens Égyptiens (Misuriello, 2013, 43), n’est pas sans rappeler là encore celle du dieu Osiris ; ce dernier est figuré avec la peau noire (fig. 5) aussi le dieu de l’au‑delà représente‑t‑il la terre dans son aspect le plus fertile (Colonna, 2001, 71). La coloration de la peau des momies grâce au bitume noir a une symbolique particulièrement forte puisque la carnation du défunt est alors liée à la terre fertile. C’est cette même terre qui permet à la végétation de renaître, tout comme l’individu qui est destiné, selon les croyances religieuses, à renaître dans les champs d’Ialou.
Pied de momie
Basse Époque (672-332 av. J.-C.)
H. 4,5cm ; l. : 13,4cm
Provenance non déterminée (Égypte)
Paris, musée du Louvre (inv. E18852)
https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010373931
Momie de Padiimenipet
Époque romaine – IIe s. apr. J.-C. (décédé le 2 juin 116)
Largeur : 1,72m
Découvert à Gournah. Paris, musée du Louvre
https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010201581
Papyrus « Cadet » avec scène de la pesée de l’âme
Époque ptolémaïque (332-31 av. J.-C.)
Paris, BnF
https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010002681
Grâce au bitume, la peau est préservée de la putréfaction et d’un dessèchement trop important les traits et contours du visage sont figés et conservés, en adéquation avec les croyances symboliques. À cela s’ajoute l’aspect symbolique puisque « par le noircissement [s’opère] une réanimation magique de la momie en la parant des couleurs de la renaissance » (Connan, 1991, 1504). Cette réanimation magique peut être complétée par l’ajout de dorure comme nous pouvons le voir sur une tête de momie (de femme ?) d’époque romaine (fig. 6). Le visage a été enduit de bitume, qui a permis de conserver relativement intacts la peau et les cheveux dont nous observons les mèches soigneusement ondulées. La tête a été ensuite entièrement recouverte d’une fine feuille d’or dans un excellent état de conservation malgré de rares lacunes. Dans l’Égypte ancienne, l’or est assimilé à la chair des dieux, aussi ce métal précieux est‑il présent en abondance, et même apposé directement sur les dépouilles. Cet usage est courant notamment à l’époque gréco‑romaine, afin de diviniser le défunt et lui garantir de renaître dans l’au‑delà.
Tête de momie dorée
Recouverte de bitume, de poix et de feuille d’or
Époque romaine, Haut-Empire
Longueur : 17 cm ; Largeur : 15 cm ; Hauteur : 20 cm
Paris, musée du Louvre (inv. AF 12533)
https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010036139
Les momies de l’ancienne Égypte sont « le témoignage du désir éperdu d’éternité d’une civilisation, et de sa volonté délibérée de nier la mort » (Dunand et Lichtenberg, 2006, 12). La conservation d’une dépouille prévoyait que son apparence, après des pratiques d’embaumement parachevées, se rapproche le plus possible de celle du vivant, et préserver la peau de la putréfaction était l’une des conditions primordiales pour accéder à l’au‑delà. Conserver le visage mais aussi l’intégrité du corps étaient indispensables : lorsqu’une partie du corps venait à manquer ou était en mauvais état, elle était remplacée car il fallait que le corps arrive en bon état dans l’au‑delà. Ainsi, les études radiographiques ont révélé que de nombreuses momies avaient des membres factices, bien souvent constitués de branches de palmier et qui, maintenus sous les bandelettes, donnent l’apparence d’un corps indemne. De même, la conservation d’une apparence la plus naturaliste possible passait également par le maquillage des momies : il s’agit plus exactement de l’application de pigments colorés sur la peau, pratique attestée dès l’Ancien Empire. C’est le cas de la momie d’Hénouttaoui déjà mentionnée, avec le visage recouvert d’un pigment jaune destiné à éclaircir et unifier la peau, les sourcils dessinés par un trait noir et les « joues et lèvres colorées en rouge » (Dunand et Lichtenberg, 1998, 242). Il en est de même pour les enfants de cette reine de la XIXe dynastie, la princesse Maâtakaré et le prince Masaharta, dont les corps étaient recouverts de pigments (Dunand et Lichtenberg, 1998, 242) : nous constatons que les prêtres embaumeurs ont respecté les conventions chromatiques pour colorer les peaux de momies puisque le jaune était employé pour la carnation des femmes et le rouge pour les hommes. Toutefois ce maquillage « post‑mortem » est observable sur un nombre restreint de dépouilles, ce qui interroge sur une réelle volonté de maquiller les corps : l’ocre possède de nombreuses propriétés médicinales étant donné sa mention répétée dans les remèdes consignés dans le papyrus Ebers. Nous privilégierons un souci esthétique lié à cet usage des pigments pour recouvrir les visages et corps de quelques momies appartenant à la XIXe dynastie.
In fine, la peau des momies est révélatrice des pratiques tant funéraires que religieuses de l’ancienne Égypte. Les radiographies et imageries fournies par scanner livrent à présent des informations précieuses, sans corrompre l’intégrité du corps embaumé. Comme l’affirment Bodiou et Mehl (2019, 474), la peau est une véritable « page à déchiffrer » : les momies égyptiennes conservent également des marques révélatrices de leur existence, leur statut social par exemple, à travers les cicatrices et les tatouages, figées dans le temps et que nous pouvons lire sur la peau, ainsi conservée pour affronter l’éternité.
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[1].↑. Le taureau est associé au dieu Apis, incarnation du dieu memphite Ptah. Le bovidé symbolise la fécondité et la fertilité. Cf. Rouvière, 2013, 156.
[2].↑. Plutarque, Œuvres complète de Plutarque – Œuvres morales, traduction Victor Bétolaud, partie I, tome V, 18, Paris, Hachette, 1870.
[3].↑. À noter que cette position est progressivement abandonnée dès le début de la IVe dynastie car elle n’est pas compatible avec les différents traitements du corps expérimentés par la suite.
[4].↑. Momie conservée au British Museum, Londres (inv. EA32751).
[5].↑. Une momification aussi aboutie et soigneuse concernait essentiellement la famille royale, le pharaon tout d’abord ainsi que les membres de l’élite (prêtres, nobles, fonctionnaires occupant de hauts postes) et de la très haute noblesse.
[6].↑. Ce dernier mentionne également l’existence de plusieurs catégories d’embaumement en fonction du rang social du défunt.
[7].↑. La trépanation ou excérébration marque l’aboutissement des progrès accomplis dans la momification. (Dunand et Lichtenberg, 1998, 42).
[8].↑. L’éviscération est une pratique importante puisqu’elle permet de prévenir la décomposition ; les organes retirés sont le foie, les poumons, l’estomac et les intestins qui étaient ensuite placés dans des vases canopes. Le reste était jeté tandis que les reins pouvaient demeurer intacts en raison de la difficulté à les atteindre. Le cœur, siège des émotions et de l’intelligence, était momifié séparément et replacé dans le corps, lorsque sa conservation était possible. (Dunand et Lichtenberg, 1998, 67).
[9].↑. C’est le cas par exemple de la momie de Ramsès V (Dunand et Lichtenberg, 1998, 240).
[10].↑. J.‑C. Goyon et R. Vergnieux (1987, 20) ajoutent que traditionnellement, les prêtres utilisaient « des pièces de vêtement ou lingerie, souvent usagées, provenant des dons de la famille du défunt ».
[11].↑. Le kâ, lorsqu’il est représenté, est figuré sous les traits idéalisés du défunt avec une paire de bras levés sur la tête.
[12].↑. C. Flusin‑Gerber (2010, 25‑26) précise que « c’est l’état que l’âme doit atteindre après avoir été purifiée » et qu’il s’agit d’un « principe spirituel immortel […] qui se perpétue en permanence ».
[13].↑. « Celui qui coupe le flanc », Bergé, 2015, 26.
[14].↑. Les auteurs précisent que cette plaque était toujours en or pour le pharaon.
[15].↑. J. Misuriello, 2019, 49. L’auteure précise que ce « matériau abondant et facile […] était parfois utilisé pour remplir des sacs de toile déposés dans la cavité abdominale à la place des viscères, ôtés au cours de l’embaumement ».
[16].↑. Dunand et Lichtenberg, 1998, 188. La radiographie du pharaon de la XIXe dynastie en 1976 a révélé la présence de grains de poivre de la variété Piper Nigrum à la fois dans le nez mais également dans la cavité abdominale (Lichtenberg et Thuilliez, 1981). Notons que l’utilisation d’aromates est également attestée dans la conservation de dépouilles et ce durant d’autres périodes chronologiques, comme en Occident par exemple : citons « le corps d’Agnès Sorel (1422‑1450) rempli de poivre maniguette d’Afrique de l’Ouest, de rhizomes (gingembre ?), mais aussi de graines et de fruits de mûriers blancs » (Di Folco, 2010, 86).
[17].↑. Quels que soient les matériaux employés pour la confection de cette effigie funéraire (matériaux précieux, cartonnage peint, linceul peint, masque en plâtre), celle‑ci est réalisée selon les critères de l’iconographie égyptienne.
[18].↑. A. Lucas, J. Harris, 1999. Ancient Egyptian Materials and Industries, Dover Publications Inc.
[19].↑. Gangl J., 1936. Report giving the results of examination of various materials from Maadi. In: Menghin, O. and Amer, M. (Eds.), The Excavation of the Egyptian University in the Neolithic Site at Maadi, Second Preliminary Report (Season 1932), Gov. Press, Cairo.
[20].↑. Diodore de Sicile, Bibliothèque Historique (livre II, XLVIII, 106) à propos des habitants de Judée : « […] Il y a aussi un grand lac qui produit beaucoup d’asphalte dont ils tirent de grands revenus » (trad. F. Hoefer).
[21].↑. Chapot, 1939, 132 : « Il est certain d’ailleurs que le bitume a des propriétés désinfectantes, et les médecins y avaient recours ».
[22].↑. Près de Dyrrachium, selon J. André, 1964, 89.
[23].↑. Lichtenberg, 2006. Les momies d’Égypte. In: Études sur la mort, 2006/1 (n°129), 23‑31.
[24].↑. Selon J. Connan (1991, 1504), entre 3 et 81% de bitume, avec une moyenne comprise entre 10 et 30%.
[25].↑. Op. cit.