La Peaulogie
Les peaux : entre trophées et reliques.
La peau est la part visible de l’être humain. Son interface avec le monde extérieur, l’objet du premier regard, du jugement, de la contemplation. Au-delà, la peau – prolongement palpable et sensible de l’individu – devient un objet cultuel, politique, religieux, social.
A travers la thématique de ce second numéro, « Les peaux : entre trophées et reliques », nous souhaitons attirer l’attention sur ces divers sens donnés à la peau (humaine, mais pas exclusivement), à ses « traductions » en terme ethnologique. Comment ses transformations, ses présentations, ses dissimulations revêtent un sens et une volonté qui dépassent la volonté individuelle, et peuvent s’étendre à un groupe tout entier (stigmatisation, adoration, hiérarchie, etc.). On s’intéressera notamment aux reliques corporelles (du latin reliquiae, « restes »), à la peau-relique, aux cheveux. Soit, à la perpétuation de la mémoire et du message de l’individu à travers la peau (qu’elle soit marquée ou pas). Quelle est la variété de ces dermato-reliques à travers le monde ? Cheveux de telle sainte, peau de Marie-Madeleine touchée par le Christ dans un reliquaire de Saint-Maximin-La-Sainte-Baume (le « Noli me tangere » de la Pâques), scalp nord-américain, poils humains incorporés dans une poupée vaudou (ouanga) haïtienne, téguments de Saint-Louis bouillis à Tunis en 1270 et révérés comme reliques insignes, et même l’ensemble du volume cadavérique préservé grâce aux techniques de la taxidermie ou d’embaumement pour ce qui est du corps des nantis (rois, reines, aristocrates, grands ecclésiastiques… dirigeants communistes !), etc. Dans certaines aires culturelles, un jour au moins est consacré à ces saintes reliques (le dimanche d’après la Toussaint par exemple dans les sociétés sous influence catholique), mais qu’en est-il des rituels entourant d’autres fragments – superficiels – du corps sanctifié ? Les reliques, qu’elles concernent directement la peau et ses phanères, sont considérées comme porteuses de vertus, de pouvoirs. Ce qui redouble leur importance sociale au fil des générations, leur place dans les rituels. Quel est ce sens donné à cette interface homme/société, homme/divinité, homme/éternité ?
Philippe Charlier, coordinateur du numéro
Alexandre DUBUIS
Entre ex-peau-sition légitime et sur-ex-peausition. Les séquelles de brûlure grave comme trophées
Between legitimate exhibition and over-exposure : The after-effects of severe burns as trophies (Traduction en anglais)
Virginie TOURREIL, Sophie JACQUELINE
La patine sacrificielle dans le statuaire africain. Une « peau » vecteur d’identite sociale et religieuse
Marie-Claire ROLLAND
La peau-objet chez les Romains. Indifférence, curiosité ou répulsion ?
Sophie JACQUELINE, Virginie TOURREIL
Une peau pour l’éternité
Florent POUVREAU
On both sides of human nature
Newsletter
Vous souhaitez recevoir nos actualités ? Inscrivez-vous à notre newsletter.